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vendredi 21 janvier 2011

Edito

Il y a un temps pour les élections et...
Haïti: Soucieux de leur carrière, les ambassadeurs français et américain, ainsi que le chef de la MINUSTAH, pour citer les plus loquaces, ont, selon toute évidence, trouvé dans le rapport de l'OEA une porte de sortie à la crise électorale. Mais sur la question houleuse du 7 février 2011, la position du premier est plus tranchée que le second. En somme, les deux grands dossiers (le classement du second tour et la fin du mandat du président René Préval) sont « organiquement » liés dans cette crise de succession épouvantable.
Arme à double tranchant, le temps qui a toujours été pour le président sortant un allié précieux est désormais pour ce dernier un adversaire terrifiant. A bien des égards, compte tenu des grands enjeux économiques de la reconstruction et des calculs froids de la communauté internationale, on peut tout prévoir. Sauf une sortie de crise apaisante ou sereine. Affligé par les effets désastreux du 12 janvier et de l'épidémie de choléra, le pays est déjà tellement divisé, effroyablement déprimé. L'après-Préval n'offre aucune perspective rassurante.
Ce qui compte pour la communauté internationale ( la poursuite du processus électoral pour déboucher sur la formation d'un gouvernement légitime) ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique dont de larges secteurs, excédés par tant de gâchis, préconisent l'annulation des élections et l'application de l'article 149 de la Constitution. Quelle que soit l'équipe gagnante, dans le cas où le second tour arrive à terme, sa légitimité et sa crédibilité, qui ne seront pas imposantes, ne suffiront pas pour autant. Vu les difficultés matérielles immenses et les revendications de toutes sortes auxquelles elle fera face, le pouvoir ne sera pas pour elle une partie de plaisir, une sinécure.
Comme on l'a vu dans le passé, la constitution d'un gouvernement provisoire en guise de solution à la crise ne sera pas elle aussi une bamboche. Diamétralement opposées, les deux solutions (le gouvernement démocratiquement élu et le gouvernement constitutionnel de transition) répondent d'habitude, dans leur origine comme dans leur finalité, à des conjontures historiques propres, parfois dramatiques, dominées principalement, au cours de ces vingt dernières années, par les opérateurs politiques nationaux, la communauté internationale et la rue...
A ce stade des évènements, est-ce que la communauté internationale, jouant la contre-attaque, le pouvoir en place, de plus en plus isolé, et la classe politique, figée dans ses traumatismes, peuvent utiliser à bon escient le temps imparti à la voie électorale ? Qui va l'emporter en fin de compte ? Les électeurs « frustrés » ou les ardents partisans de l'option zéro ?
Il y a un temps pour chaque chose, dit L'Ecclésiaste. Il y a un temps pour un gouvernement élu (peu importe la manière, semblent nous sussurer les grands ténors de la communauté internationale) et, à défaut, un temps pour un gouvernement constitutionnel de transition.
Pierre-Raymond Dumas
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=88076&PubDate=2011-01-20

Commentaire
Sauf que vous avez omis, monsieur Dumas, qu'il y a aussi un temps pour que les fraudeurs s'en aillent et laissent la place à d'autres. Plus qualifiées? Cela restera à voir. Mais en toute bonne démocratie, ce risque est moins dommageable que l'imposition de la volonté d'un homme aveuglément fou du pouvoir et prêt à tout pour le garder y compris par le génocide actuellement en cours en Haïti.

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