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samedi 19 février 2011

Edito

Le retour d'Aristide

Haïti: Ah! Quel personnage! ... Drôle de personnage... Un miraculeux... Atypique... Populaire mais diabolisé... Muni enfin de son passeport diplomatique délivré récemment par le gouvernement haïtien, l'ex-président Jean-Bertrand Aristide, qui vit en exil à Pretoria (Afrique du Sud) depuis le 31 mai 2004, veut retourner vivre en Haïti. Qui peut l'en empêcher ? Avant ou après le scrutin du 20 mars 2001 ? Ses retrouvailles avec son ex-marassa, René Préval, seront, à n'en pas douter, chaleureuses... Lakay se lakay !
Quoi qu'on dise, quoi qu'on pense, Titid n'est pas un ancien chef d'Etat haïtien comme les autres. Cela est important. Son retour, contesté par les pays amis - notamment les USA et la France - ne dépend pas uniquement du respect de l'article 41 de la Constitution de 1987. Edmond Mulet, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Haïti, a tenu à rappeler dans un entretien accordé à notre rédacteur en chef Frantz Duval que « sous le gouvernement de Monsieur Aristide, il y a eu des accusations de détournements de fonds. Il y a eu aussi des poursuites contre des trafiquants de drogue proches du régime, dont certains ont été condamnés, a-t-il précisé à dessein. Des personnes ont été victimes de violations de leurs droits à cause d'une violence d'Etat. Tout porte à croire qu'il y aura des plaintes contre lui s'il revient et qu'il aura à répondre par-devant la justice d'actions commises du temps qu'il était en charge d'Haïti », a ajouté le diplomate onusien. Ces rappels ne sont pas fortuits. C'est un dossier sulfureux. « Les dernières élections sont une opportunité pour Haïti d'aller de l'avant. Il ne faut pas retenir Haïti otage de son passé. Les pays évoluent, et Haïti a une nouvelle étape à franchir qui n'a rien à voir avec la situation qui prévalait il y a 30 ans, 20 ans, 15 ans ou même 5 ans », a conclu le chef de la MINUSTAAH qui a aussi rappelé que l'ONU vient d'offrir son aide au gouvernement haïtien dans le dossier en préparation pour mettre en accusation l'ex-président à vie Jean-Claude Duvalier revenu lakay le 16 janvier dernier.
Est-ce que les deux dossiers sont liés ? Oui, sur le plan judiciaire. Mais le hic, c'est qu'on a, après plus de dix années de réforme, un appareil de justice totalement défaillant, corrompu, sans ressorts pénitentiaires viables. Peut-on mettre sur pied des procès rigoureux pour exorciser ces deux figures emblématiques d'un passé douloureux, horrible, décevant ? Nul n'est sûr ni certain. Quelles sont leurs véritables intentions (politiques) ? Pour l'un comme pour l'autre, il s'agit de participer à la reconstruction du pays. C'est exaltant, n'est-ce pas ? Pour l'ancien prêtre des bidonvilles, il est difficile de tout prévoir. Le retour de Jean-Claude Duvalier n'a suscité jusqu'à présent aucun incident. A part les nombreuses plaintes, il n'a eu aucun impact politique fulgurant sur la vie nationale. Cela est vérifiable : c'est le calme plat. Lakay se lakay !
N'ayons pas peur de le dire, de le reconnaître : Aristide est sans doute jusqu'à maintenant l'homme politique le plus populaire en Haïti mais il fait toujours peur. Terriblement. A elle toute seule, cette dualité est source d'angoisses, d'instabilité,pour certains, et d'espérances, de revanche, pour d'autres. La principale source de sa popularité provient de l'extrême détresse matérielle qui ronge les populations de nos bidonvilles, ghettos et corridors. C'est de là qu'il faut partir pour reconstruire véritablement "yon lakay" stable et laborieux.

Pierre-Raymond Dumas
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89380&PubDate=2011-02-18

Commentaire
Aristide est le fruit d'un hasard politique qui a essayé de s'ériger en loi universelle, de se concrétiser sur la base fragile de l'obscurantisme entretenu à dessein par ceux qui souhaitent que le peuple ne voie jamais clair. Son retour serait une réédition du Moyen Age haïtien (où coopératives, compagnies de téléphone, d'assurance et autres ont vu leurs fonds se volatiliser de manière inexplicable pour atterrir Dieu sait dans quel poche...) dont le point culminant a été l'assassinat de Jean-Dominique. Point de journaliste, point de nouvelle. Point de nouvelle, point d’événement. Silence !

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