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samedi 12 février 2011

Les pieds dans le plat

Des absences qui veulent tout dire
Haïti: Chez nous, les services d'urgence sont absents et cela veut tout dire. Il suffit de faire une grave réaction allergique en pleine nuit, une crise cardiaque, pour se rendre compte que souvent les (soi-disant) hôpitaux de ce pays ne sont que des maisons où la vie humaine n'a de l'importance que contre argent comptant. Le serment d'Hyppocrate n'est plus qu'une comédie. Même dans les ''Mecques'' du capitalisme, où le souffle de vie se mesure à l'épaisseur du porte-monnaie, n'importe qui, en cas d'urgence, peut appeler une ambulance ou se présenter aux urgences à un hôpital.
Mon père est mort ainsi, en novembre 1985, parce que le service d'urgence de l'Hôpital de l'Université d'État avait un fonctionnement approximatif, un service d'urgence qui se situe — et cela souvent on l'oublie, et cela me fait tiquer quand on parle un peu trop rapidement de décentralisation — à moins de quatre cents mètres du bureau du chef de l'État. Plus de 25 ans après, rien n'a vraiment changé, même si l'Hôpital de l'Université d'État est le seul lieu où fonctionne un service d'urgence même approximatif. Une grande partie des hôpitaux privés fréquentés par une clientèle pouvant théoriquement payer, la nuit (et même le jour), n'ont pas de service d'urgence comme j'ai pu moi-même le vérifier mardi soir aux environs de minuit, après une grave réaction allergique en fin de soirée. La barrière de l'hôpital du Canapé-Vert était par exemple fermée, et quand l'ami qui m'y emmenait dut faire usage en plusieurs fois de son avertisseur, un agent de sécurité l'a entrouverte pour nous lancer après s'être enquis de notre présence : « Pa gen medsen la a! » À un autre prétendu grand hôpital dans les environs de l'Office des Assurances (un hôpital, dit-on, propriété de compétences haïtiennes de l'étranger) les barrières étaient fermées. Pas une indication ! Pas l'ombre d'un chat ! Finalement, on a tenté notre chance à Plurimedic, à Babiole. C'était bien marqué urgences 24 h sur 24. Ici, les barrières étaient fermées aussi, mais un agent de sécurité nous a ouvert. Nous avons tous poussé un ouf de soulagement. Un jeune médecin m'a pris en main, le Dr Bernard. J'aurais pu y passer. J'ai refait le cauchemar de mon père mort dans un couloir de l'Hôpital de l'Université d'État, mort parce qu'un service d'urgence n'avait pas de moyens.
Voici un bel exemple d'État comédien et d'un tas de politiciens comédiens qui font semblant depuis des années d'être présidents de la République, Premiers ministres, ministres, etc. (Ne pensons pas au Protecteur du Citoyen !!!) Car comment un État, un gouvernement ne peut-il faire obligation à un hôpital de disposer d'un vrai service d'urgence pour être autorisé à fonctionner ? Qu'on ne me parle pas de manque de compétences. Nos jeunes médecins ne sont pas utilisés. Ceux qui viennent de Cuba sont souvent laissés sur le pavé et beaucoup quittent le pays pour l'étranger. Qu'on ne me parle pas de manque de moyens. Il suffirait de dégraisser la fonction publique et certains cabinets, de mettre à la porte un tas d'incompétents, de mettre fin au clientélisme pour trouver des fonds. On pourrait cesser d'acheter, à nos sénateurs, nos hauts fonctionnaires, des 4x4 de luxe. On pourrait cesser de dépenser tout cet argent pour des élections frauduleuses. On pourrait aussi cesser de dépenser de l'argent pour que des malfrats restent tranquilles.

L'étranger pourrait nous aider à faire fonctionner de vrais services d'urgence dans nos hôpitaux publics. Encore faudrait-il y mettre fin à la corruption, car on sait comment certaines cliniques privées peu scrupuleuses se sont servies dans le matériel de l'État. J'ai encore en tête une histoire de couveuses à l'Hôpital de l'Université d'État.

Bref ! Tout ceci pour dire que c'est très beau de parler chez nous de manque de moyens et des compétences haïtiennes à l'étranger. Le problème est ailleurs. Surtout dans ce mépris que nous professons envers l'autre. Ce mépris de la vie. Ce mépris de sa propre vie. Ce mépris du bon sens. Cette haine de soi. Cette haine — qui ne se dit pas -de notre propre pays. Ce vertige amoureux pour le chaos, la crasse, la boue, (Allez visiter le Théâtre National d'Haïti). Les Nations unies auraient dû nous envoyer non pas dix mille militaires, mais dix mille psychiatres. Il faut dire aussi qu'au vu de ce qui se passe ici, de nombreux responsables des Nations unies auraient besoin d'un passage chez le médecin.
Tenez ! Est-il normal que des conseillers au CEP ne signent pas un document comme celui avalisant les résultats du premier tour et restent en place pour le second tour ? Est-il normal que les membres du CEP restent à leur poste ? Car ce qui s'est passé oblige à conclure qu'il y a eu de leur part soit tentative de forfaiture, soit forfaiture tout simplement. Je ne vais pas recommencer avec cette question si normale chez nous... Est-il normal que ?
Gary Victor
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89041&PubDate=2011-02-11

Commentaire
Un politicien haïtien? Président, ministre, etc., etc.? Un fonctionnaire haïtien quelconque? C'est un lettré de plein droit même s’il ne sait pas lire! (si l'on me permet de paraphraser Victor Hugo dans sa définition du Noble.)

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