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vendredi 11 février 2011

Forêt des Pins à la recherche de sa splendeur

En réhabilitant les 17 chalets de la forêt des Pins, le Programme environnemental transfrontalier (PET) a fait un petit pas vers son but qui est l'amélioration et l'harmonisation la vie sur la ligne frontalière en y valorisant l'environnement. Dans cette optique, le programme met l'accent sur un élément clé : l'écotourisme, qu'il offre comme l'une des planches de salut de l'économie haïtienne.
Haïti: Mise en terre de 300 000 plantules en moins de deux ans; restauration des 17 chalets construits pendant la période de l'occupation américaine, la forêt des Pins se cherche et ne veut pas perdre la face végétale, en dépit du fait qu'elle a perdu 75% de sa couverture, la plus grande forêt d'Haïti ne va pas mourir. Car « c'est un site qui mérite d'être revigoré et mis à la disposition du tourisme ». Arnoux Séverin le croit et jure par tous ses dieux que le Programme environnemental transfrontalier (PET) qu'il dirige doit restituer à cette forêt sa splendeur et sa mission de protection des lacs Azuéi et Enriquillo.
Le site de la forêt des Pins, avec ses 17 chalets rénovés, est désormais ouvert, offrant au public 8 000 hectares boisés de ces arbres rarissimes qu'on ne retrouve nulle part ailleurs que dans cette forêt que se partagent Haïti et la République Dominicaine.
En fait, les efforts consentis à travers ces deux projets, financés à hauteur de 8 millions de gourdes par l'Union européenne ne convainquent pas encore Arnoux Séverin et ses visiteurs. Le travail effectué dans le cadre de ce programme, vieux seulement de trois ans, est encourageant, mais reste une goutte d'eau dans un océan. « Dans tout voyage, il y a toujours un point de départ, déclare, serein, l'agronome Georges Yvon Nérestant du ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural. C'est un petit pas qui peut conduire très loin dans le voyage engagé vers la récupération de cette forêt qui s'étendait sur 32 000 hectares.»
La couverture forestière ne représente pas plus que 1,5% alors qu'Haïti comprend plus de 52% de montagnes. Fort de ce constat, M. Séverin entend amplifier la plantation de pins. Il faut une plantation massive d'arbres dans les espaces dénudés, dit-il. A part ces pins, les responsables du PET ont entrepris de planter des grevilias en vue de renouveler plus rapidement la couverture forestière, tout en conservant les versants des deux plus importants lacs de l'Ile - Azuéi en Haïti et Enriquillo en République Dominicaine. « C'est un travail colossal, dit le régisseur du PET comme pour exprimer son empressement de reboiser les parties déboisées de la forêt. Car, en revitalisant la forêt des pins, il faut agir vite en vue d'éviter d'autres inondations en aval. »
Un agent forestier pour 1 000 ha
Pour surveiller les 8 000 ha encore boisés, le ministère de l'Environnement a procédé en été 2008 à l'installation de 33 agents forestiers. Aujourd'hui, au même rythme que ces arbres de la forêt, les membres de cette équipe disparaissent ; d'où seulement huit gardes continuent tant bien que mal à faire ce travail de titan.
« Dieu seul sait pour combien de temps le travail sera encore possible », s'inquiète Polynice Joseph. Coordonnateur de la brigade de surveillance de la forêt des Pins, M. Joseph n'en finit pas d'égrener sa misère dans ce site où son équipe fait face à un manque cruel de matériels et est constamment victime de ses propres obligations. « Nous sommes là pour empêcher la coupe anarchique et systématique des arbres au niveau de la forêt et en même temps procéder à la saisie du bois transporté par des camions, affirme-t-il. Mais, en faisant notre travail, nous sommes toujours en proie à des représailles d'individus arrêtés et libérés par la justice. »
Les habitants de la forêt des Pins, quant à eux, sont conscients de la dégradation de leur environnement. Mais, selon eux, il n'existe mesure possible pour conserver les arbres de la forêt sans des moyens d'accompagnement de la population. « La coupe des arbres constitue un emploi pour certains habitants de la forêt, mais les vrais exploitants restent de gros bras qu'on ne voit jamais », témoigne un paysan.
De l'avis d'Arnoux Séverin, la densité de la forêt ne devrait pas atteindre 150 habitants, tandis qu'elle a déjà dépassé le double par kilomètre carré au niveau de l'unité I, la forêt étant divisée en deux unités.
De cette forêt proviennent quotidiennement des planches et du charbon de bois utilisés dans les villes. L'agronome Séverin révèle que rien que pour une semaine en 2010, une étude menée par le PET a montré que plus de 11 000 sacs de charbon de bois y ont été produits.
Pour réduire cette hémorragie, le régisseur du PET, qui implique les deux Etats se partageant l'île d'Haïti, entrevoit la sensibilisation de la population et la concertation entre les individus de la zone et les deux peuples comme élément de solution. Dans cette optique, des membres de la brigade de surveillance dominicaine viendront apporter leur appui à celle d'Haïti. Car, soutient M. Séverin, Haïti multiplie les risques des dégâts environnementaux en continuant d'utiliser le charbon de bois. « Il faut y trouver une alternative, dit-il. Car sur chaque dollar de charbon consommé, le pays multiplie par quatre les risques encourus. »


Lima Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89000&PubDate=2011-02-10

Commentaire
Un autre exemple de mauvaise foi et de grossière incompétence des gouvernants d'un pays qui veut pourtant avancer. Voyons tranquillement la situation. Un pays entier, peut-être 98, dans la meilleur des cas 95% ( ?) des citoyens vivent (cuisinent, font fonctionner leur boulangerie, leur blanchisserie, fabriquent leurs maisons ou leur commerce de bois et de charbon de bois sur le dos du peu de couverture végétal d'un pays déjà déboisé. Quelle est la solution à cette crise humanitaire annoncée? Une organisation stricte du reboisement, de la coupe, de création de réserve, la formation de brigades de surveillance (à leur tour protégés contre les prédateurs puissants, agressifs et certainement armés), etc. Et tout cela est seulement possible si le gouvernement le veut, quel que soit le gouvernement. Car il s'agit de combattre des pratiques séculaires. Mais pour y parvenir efficacement, il faut qu'il y ait aussi des alternatives sérieuses. Cuisiner, la République dominicaine donne à tout citoyen dominicain les moyens (emplois, crédits, financement...programme de conscientisation, interdiction de la vente de charbon de bois, etc. ) nécessaires pour accompagner ce processus de découragement de la coupe de bois. Les habitants de ce pays voisin ne cuisinent plus avec le charbon de bois. Les fours à gaz y pullulent de telle sorte que dans les coins les plus reculés de ce territoire on trouve des postes d'approvisionnement en gaz propane. Les blanchisseries? Aucun investisseur n'oserait, dans ce pays hispanophone, établir un commerce de ce genre s'il n'a pas convaincu les autorités que cela va se faire avec du gaz ou de l'électricité. La construction des maisons ? Les commerces de bois sont transparents. Les magasins sont contrôlés et l'on sait qui risque de contrevenir aux normes et personne n'étant au dessus de la loi, des brigades de l'armée patrouillent en permanence pour informer le pays sur la marche du reboisement dans ce pays. Des arrestations ? Assez fréquentes sur la frontière. Car le commerce du charbon, la contrebande de bois de l’autre côté de l’ile y exerce aussi sa pression. Le charbon de bois? Aucun dominicain ne va en avoir car il n'en a pas besoin. Qu'est ce qui est impossible à faire dans tout cela? C'est plutôt la mentalité des politiciens (qui pourtant voyagent et voient ce qui se fait ailleurs) qu'il faut changer car cela améliorera celle du peuple!

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