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vendredi 18 février 2011

Mirlande Manigat dévoile ses priorités

La première action de la candidate du RDNP, moins de 24 heures après le lancement de la campagne électorale, a été de rencontrer la presse pour dévoiler ses grands axes de gouvernement et réaffirmer sa détermination de remporter les élections. Dans cette dernière ligne droite vers le Palais national, Mirlande Manigat indique qu'elle va passer une vitesse supérieure. Son concurrent Michel Martelly se trouve, quant à lui, au Cap-Haïtien où il tente de rallier à sa cause la population de la ville christophienne.
Haïti: A ceux qui doutaient de la réalisation des élections, Mme Manigat fait savoir que le scrutin est une nécessité pour le pays. « Seul un changement de gouvernement peut apporter une solution aux nombreux problèmes du pays », a-t-elle dit. La candidate a demandé à la population de se préparer pour ces compétitions électorales qui se tiendront le 20 mars. Son gouvernement sera caractérisé par trois signes : sérieux, compétence et ouverture.
Les grandes priorités de son gouvernement : résoudre le problème du choléra, qui passera par la distribution de l'eau potable dans le pays; changer les conditions de vie des centaines de milliers de sinistrés toujours sous les tentes un an après le tremblement de terre. En ce qui concerne les grands axes du gouvernement de Mirlande Manigat, sa priorité, c'est l'éducation primaire, secondaire et universitaire qui sera abordée en même temps.
Toujours dans la rubrique éducation, la candidate du RDNP a promis d'augmenter la capacité de l'Université d'Etat d'Haïti. Dans le cadre d'une décentralisation, chaque département aura une université publique. Il y aura également des écoles professionnelles un peu partout à travers le pays.
Mirlande Manigat vient avec un concept nouveau dans le système éducatif : « La valorisation des acquis d'expérience », c'est-à-dire que les jeunes qui ont commencé très tôt à travailler dans la maçonnerie, la plomberie, la mécanique, ... auront droit à un diplôme de reconnaissance de leur capacité et de leur aptitude. « Il faut que l'Etat valorise leur expérience en leur accordant un diplôme », a-t-elle dit ce jeudi lors de sa conférence de presse.
D'un autre côté, la candidate, une fois parvenue à la magistrature suprême, s'attaquera à la question d'état d'état civil. « 40% des Haïtiens n'ont pas d'actes d'état civil, a déploré le secrétaire générale du RDNP. Ils peuvent avoir leur carte d'identification nationale, mais ils n'ont pas d'actes d'état civil. Ce sera une priorité de mon gouvernement que tout Haïtien ait un acte d'état civil. »
Encore une fois, la candidate a promis de communiquer à la presse son programme de façon plus détaillée dans un document de plus de 100 pages. Elle est en train de compléter ses dossiers de gouvernement et se dit très confiante dans ses chances de remporter les élections.
Les alliances et les endossements vont venir
« Hormis les accords électoraux trouvés avec le COREH, le Groupe 77, l'AAA, Konbit de Claire Lydie Parent, nous sommes en contact avec des personnalités et des hommes politiques, des contacts très importants avec des candidats de la plateforme Alternative et de INITE », a souligné Mirlande Manigat. Encore une fois, elle se garde pour le moment de citer des noms tout en promettant d'y revenir bientôt.
Interrogé sur le support de la star internationale du hip-hop, Wyclef Jean à son adversaire Michel Martelly, la candidate du RDNP a répondu avec humour et en souriant : « Se 2 chantè ki rankontre. Mwen menm, mwen pa konn chante, men gen lot bagay mwen konn fè. »
Plus d'un pense que la candidature de Mme Manigat sera supportée par le secteur intellectuel du pays. La candidate dit souhaiter que des personnalités de ce secteur le disent publiquement.
Ce second tour est une expérience exceptionnelle dans la vie politique en Haïti, a estimé Mirlande Manigat. « C'est la première fois qu'on aura un second tour présidentiel. Puis il se trouve que les deux candidats ne se ressemblent pas du tout », a-t-elle dit en faisant référence de façon implicite au passé peux louable de Michel Martelly.
Par ailleurs, la candidate a déploré ce qui s'est passé à la Jamaïque où l'équipe nationale bicolore qui participait aux éliminatoire de la coupe du monde des U-17 a été pratiquement expulsée du pays. « Je pense qu'il y a eu exagération dans le traitement du dossier, a-t-elle martelé. La malaria n'est pas une maladie contagieuse. », explique-t-elle.
La candidate se demande si c'était nécessaire pour les autorités jamaïcaines de mettre nos jeunes joueurs en quarantaine avant de les expluser. « C'est un geste inamical de la part de la Jamaïque, a-t-elle dit. Si j'étais le président de la République, j'aurais envoyé sur place le ministre de la Santé publique pour faire le point sur la situation, mieux comprendre le dossier et souligner le caractère inamical du traitement accordé à la sélection nationale. »
En outre, Mirlande Manigat a fait le point sur sa rencontre avec le président dominicain, Leonel Fernandez, en début de semaine.
Dans une atmosphère très cordiale, le président Fernandez a reçu la candidate assistée du chancelier, M. Carlos Morales Troncoso. Ils ont discuté des relations haitiano-dominicaines, des difficultés de la situation postséisme, de la reconstruction, de la position d'Haïti vis-à-vis des autres pays de l'Amérique latine, de l'éducation, de la construction d'une université dans le nord d'Haïti, entre autres.
Le Conseil électoral provisoire a lancé mercredi la campagne électorale qui doit durer un mois. Le 20 mars le peuple haïtien prendra le chemin des urnes pour élire soit Mirlande Manigat soit Michel Martelly comme son prochain président. Ce sera également l'occasion de compléter le Sénat et de constituer la Chambre des députés.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouveliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89318&PubDate=2011-02-17

Commentaire
Choisir entre Mirlande Manigat et Michel Martelly? Voilà le signe le plus évident de décadence d'un pays! Qu'on ait des choses à reprocher à Mirlande Manigat, cela va sans dire. Qu'on n'apprécie pas tous les aspects du parcours de cette politicienne professionnelle, qui songerait à le contester? Mais qu'Haïti soit réduite à hésiter entre d'une part, cette professeure d'université rompue aux débats politiques, fondatrice de parti, épouse de chef d'état (capable de voler de ses propres ailes) et militante de longue date, et un chanteur qui n'a jamais eu d'autres préoccupations que ce qu'il fait et surtout au parcours pas toujours transparent (oublions les chapelets d’obscénités égrenées sur la place publique et sur la scène internationale)... voilà de quoi nous laisser perplexe. On ne doit pas hésiter à se demander s’il y a encore vraiment de l’espoir, si nous sommes devenus fous.

Je ne mentionnerai même plus les journalistes, ils sont peut-être obligés littéralement d’avaler leur salive devant des politiciens improvisés si arrogants, si menaçants et dangereux. Mais les intellectuels faut-ils qu’ils cèdent à la même panique ? Peut-on courir un plus grand risque que d’avoir affronté un spécimen de l’étoffe d’Aristide après Duvalier ? Et pourtant ils l’ont fait. C’est vrai que plusieurs y ont laissé leur peau. Nous ne mentionnerons plus les Jean Dominique et autres compatriotes dont la voix coïncidait avec celle du peuple, mais quelque chose doit être fait. Si le silence n’est pas un crime, il peut être un geste de complicité, une complicité par omission. Trouvons, messieurs-dames, des moyens subtiles peut-être mais intelligents et convaincants pour faire échec à la médiocrité alliée au messianisme et à l’arrogance. C’est la somme de ces aberrations qui a accouché d’un LAVALASSE. Et il nous reste peu, si peu de temps pour atteindre le point de non retour. Réveillons-nous !

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