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mardi 22 février 2011

Edito

Est-ce la fin des politiciens traditionnels ?
Haïti: Pour la superstar Wyclef Jean, candidat à la présidence écarté par le CEP, les politiciens traditionnels (locaux) sont « finis ». C'est un jugement absolument restrictif, étriqué. La percée de Michel Martelly qui a construit tout son discours sur le rejet de la classe politique est, à bien des égards, la résultante de la faillite et du discrédit de cette dernière au sein d'une population, au mieux, d'une jeunesse sans repères ni modèles. Est-ce tout ? Les évidences- l'impopularité de nos dirigeants, la misère et l'ignorance des masses, la faiblesse organisationnelle des partis politiques et des associations socio-professionnelles, l'opportunisme indécent des forces d'argent etc- ne suffisent pas pour expliquer la situation actuelle aussi incertaine que décevante.
Michel Martelly, comme le jeune prêtre Jean-Bertrand Aristide en 1990, est en train de « surfer » sur un vaste mouvement populaire de désamour et de rébellion. Pour stopper le retour à une forme plus ou moins larvée du macoutisme militaire, il a fallu l'émergence victorieuse d'un Titid soutenu charnellement par la gauche, le peuple des bidonvilles et une large partie de la petite bourgeoisie. Un Titid anti-bourgeois, anti-capitaliste, anti-patatiste. Michel Martelly a été, tout au long du premier tour, le seul candidat à « démollir »avec virulence l'ordre politique défaillant incarné par René Préval mis K.O. électoralement. Un ordre incapable de produire des « résultats » positifs pour combattre la pauvreté et l'insécurité, l'analphabétisme et la corruption. Sweet Micky, pour cette classe politique divisée et stérile, représente, comme Titid en ses années de triomphe hégémonique, un empêcheur de tourner en rond, un trublion, un « corps étranger ». Il n'y a donc là rien de nouveau. Aucune leçon constructive n'a été tirée par les hommes politiques et le secteur des affaires de l'intrusion surprenante et fulgurante d'Aristide sur la scène politique à la «faveur» des dérives des militaires, obnubilés par le pouvoir. Et aujourd'hui ?
C'est, une fois de plus, une conjoncture politique de plus en plus tendue que personne n'arrive à déchiffrer : Michel Martelly en face de Mirlande Manigat. La droite ( contestataire? ) contre la démocratie chrétienne. Tous les schémas, comparaisons, pronostics historiques réducteurs pleuvent. Mais 2011 n'est pas 1990. Et puis ?
Il s'agit d'un second tour inédit, presque inespéré qui peut se transformer en un creuset d'affrontements et d'antagonismes, sur fond d'intolérance et d'agressions, entre deux générations, entre deux parcours, entre deux « idiosyncrasies ». Une bataille électorale demeure bien souvent une cascade de surenchères verbales. C'était là toute la base offensive de l'heureux élu du 16 décembre 1990. C'est ce que fait en partie aujourd'hui le fameux miraculeux de ce second tour controversé. En partie? Oui, car le chef historique du mouvement Lavalas, lui, attaquait directement la classe politique traditionnelle, les duvaliéristes, les Américains, l'Armée macoute, l'Eglise catholique, la Banque mondiale et le FMI ( fon malfektè entènasyonal), "les bourgeois patri-proches" elatriye.
Dans ce « fas a fas » entre la représentante des politiciens traditionnels et leur époustouflant contempteur, rien n'est encore définitif. Est-ce que la classe des politiciens traditionnels va, dans un grand sursaut d'orgueil, soutenir à bras-le-corps Mirlande Manigat ? Est-ce que ce second tour, piloté par la communauté internationale, va reproduire l'exprérience de 1990 ou raffermir le système des partis ? Ce sont là des questions incontournables, des questions dont les réponses, on l'a vu au cours de ces vingt dernières années, ont bouleversé tragiquement notre vie de peuple.
Pierre-Raymond Dumas

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89448&PubDate=2011-02-21

Commentaire
PAUVRE PAYS!
Théoriser, c'est bien. Prendre la réalité à bras-le-corps, même au risque de nous écorcher le flanc, c'est mille fois mieux! M. Dumas qui travaille très bien ses éditoriaux va quand même trop loin et de manière trop rapide. Un coup d'œil plus terre-à-terre, moins théorique, nous révèle cependant qu'il y a un petit peu plus qu'il ne voie ou ne dise. Michel Martelly, c'est un reflet de la dégradation de la conception politique des Haïtiens, c'est une traduction fidèle des errements permanents de l'homme haïtien qui ne sait plus s'il faut qu'il avance ou s'abandonne en plein milieu du gué dans les bras du destin (…puisqu’après tant d’effort ma résistance est vaine…), c'est une preuve que le XXIe siècle tarde à entrer dans leur tète ou plus précisément, c'est un refus délibéré d'évoluer, se contentant de gémir sur la paille plutôt que de s'en débarrasser pour regarder en avant. Est-ce parce qu’on a toujours dormi sur des paillasses qu’on n’a pas le droit de convoiter un lit confortable ? Est-ce parce que Manigat (Leslie) est un intellectuel trop aerien qu’il faut lui préférer un Aristide ? Est-ce parce que Bazin n’est qu’un maniaque des chiffres (économiste) qu’il faut lui préférer un Titid ? Et après, on a l’audace de diffamer les politiciens traditionnels. Qui est un politicien traditionnel ? Jean-Claude Duvalier à 19 ans, Aristide qui n’avait jamais fait de politique, Michel François, Cédras, Namphy qui avaient passé leur vie à espionner la population ou à la torturer au Fort-Dimanche ? O pharisaïsme ! Car qui est plus proche des "m'en fous ben" traditionnalistes Martelly qui est passé d'étudiant à flâneur à chanteur à chanteur obscène...ou Mirlande Manigat qui, tout en ayant son propre passé politique que l'on pourrait lui reprocher (sans cependant qu'elle ait atteint la cruauté, le sadisme d'un Duvalier ou encore pire, d'un Aristide) est un modèle à imiter. Une femme qui, du temps ou les femmes restaient dans leur cuisine, a choisi d'étudier, d'atteindre victorieusement son objectif, de se lancer dans la formation d'un parti politique, de militer pour ce qu'elle croit au point que ce même militantisme l'a déjà placée sur le chemin des oppresseurs duvalieRIENs et aristidiens, au point où elle a connu au cours de manifestations de rue avec ses compatriotes, fatigués de l’insolence des Chimères, les "coups de rigoise" lavalassiens concevables seulement dans les pays africains (Lybie, Zimbabwe, Congo, Cote d'Ivoire, etc) dont nous appelons de nos vœux la libération. Haïti a pris son indépendance. Son isolement nous a condamnés à porter une croix qui pèse encore sur nos épaules et nous égratigne encore. Mais nous n'avions pas le choix. Toutefois à l'ère de l'informatique, nous pourrions quand même faire montre de plus de sélectivité, ne pas hésiter entre les causes profondes qui ont généré le macoutisme et le chimérisme, l'obscurantisme, LE CHOIX VOLONTAIRE DU PIRE; et l'ouverture anti-ignorance qui nous met face à notre responsabilité de citoyens et d'électeurs conscients et lucides : ne confier la politique qu'aux politiciens et s'ils échouent vraiment? En chercher de meilleurs ! C'est difficile à trouver? Je croyais qu'il était plus difficile de remplacer un mauvais politicien par un mauvais chanteur que le contraire. Que des gens qui ont été à l'école, des privilégiés, hésitent entre Manigat et Martelly, voilà qui fait perdre espoir dans l'avenir d'Haïti. Voilà qui fait mériter à nos mères les " COLONS GUETTENT..." de notre ami Michel Martelly. Haïti, un pauvre pays!

2 commentaires:

  1. Bravo! cher compatriote! Il est temps que la classe moyenne haitienne se ressaisisse et denonce, comme vous le faites si bien, l'hypocrisie de nos intellectuels interesses ou envieux qui tentent en vain de prouver qu'il faut confier la conduite des automobiles aux menuisiers et la confection de nos ameublements aux chauffeurs. Aucun de mes compatriotes n'acheterait une camionnette pour en confier la conduite a l'un de ses amis qui n'a ni licence ni experience dans la conduite automobile et qui ne sait rien du Code de la route. Mais beaucoup de mes congeneres se sentent a l'aise pour propulser a la direction du pays une personnalite du showbiz (contre qui je n'ai rien) qui ne sait rien de la conduite de la chose publique. Et a un carrefour aussi difficile que l'apres 12 janvier 2010. Un pays occupe, detruit, sans institutions, etc.

    Une camionnette vaut plus que le pays pour ces compatriotes. C'est un constat effrayant. Pauvre Haiti!
    CLUB FIRMIN du Nord d'Haiti

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  2. Chers amis du Club Firmin du Nord d'Haïti, nous sommes attrapés et bien attrapés dans cette fange où n’importe quel improvisateur arrogant et violent peut menacer les gens recommandables. Ce sont eux, ceux qui n’ayant rien thésaurisé, rien investi dans le domaine de l’éducation personnelle, n’ont absolument rien à perdre. Sans foi ni loi ! San mannan ! N'est-ce pas ce danger qui nous a conduits où nous en sommes maintenant? Il est temps que nous réagissions. Assez, c'est assez!

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