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mardi 15 février 2011

Léogâne renaîtra de ses poussières

Les autorités de Léogâne ont trouvé une formule originale et vraisemblablement intelligente pour déblayer et reconstruire leur ville. Dans un partenariat engagé avec le PNUD et d'autres ONG, elles comptent recycler les murs détruits par le séisme du 12 janvier 2010 et les transformer en matériaux qui seront utilisés dans les infrastructures publiques et privées.
Haïti: Léogâne, qui a vu plus de 90% de ses maisons détruites, verra enfin ses rues déblayées. Grâce à un partenariat initié avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les autorités municipales prévoient d'enlever, dans moins de deux ans, les 7.5 millions de mètres cubes de débris qui traînent dans la ville et dans les trois sections communales composant la plaine de Léogâne.
« Nous projetons en moyenne de démolir tous les mois 80 maisons non récupérables et d'en déblayer 140 », déclare Guston Jean-Louis, responsable de programmes à la mairie de Léogâne. Entre-temps, ces travaux avancent tout en générant des emplois pour la population à travers le programme Cash For Work. Selon l'ingénieur Jean-Louis, les travaux doivent durer jusqu'en 2013 et coûteront 11 millions de dollars américains.
Le clou du projet reste l'implantation dans deux habitations, Ça-Ira et Biré, de deux usines qui doivent traiter les débris et les transformer en matériaux devant servir à la reconstruction de la ville. Démolir, enlever, traiter les décombres, en vue de les transformer en matériaux qui seront commercialisés par une firme locale sous forme, entre autres, d'adoquins et de sable moulu. Des équipements valant 1.5 million de dollars sont en cours d'acquisition, avance le responsable municipal, pour aider aux transformations de déblais en matériaux
Jusqu'en novembre 2010, date où à été lancé ce projet, la démolition et le déblayage coûtaient les yeux de la tête. Les débris s'évaluaient à 2 millions 500 000 mètres cubes. Mais à mesure que le projet avance, les propriétaires se manifestent et les chiffres augmentent. « Les ménages ne disposent pas d'assez d'argent pour payer la démolition et le déblaiement des espaces de leurs maisons », fait remarquer Guston Jean-Louis.
« On exigeait de moi 75 000 gourdes - 1 875 dollars américains - pour les travaux de démolition et de déblaiement de ma maison », témoigne Nerlande Romain. Cette dame, qui a vu sa boutique s'écrouler lors du séisme du 12 janvier 2010, vit encore dans un camp de fortune à Guérin et gagne sa vie aujourd'hui d'un petit commerce de friperie.
Pour aller plus vite en besogne, la mairie divise en trois zones la plaine de Léogâne. La 3e section communale, Grande-Rivière, est confiée à l'ONG canadienne IEDA, la 2e, Petite-Rivière au Christian Reformed World Relief committee (CRWRC) et le centre-ville et les zones avoisinantes restent sous son contrôle. Quant à la 1re section Communale, Dessources, Guston Jean-Louis ne met pas de délai pour y arriver. « C'est une réponse générale que le projet apporte au problème des débris qui ont traîné plus de 10 mois dans les rues de Léogâne », renchérit-il.
Au lendemain du 12 janvier, l'ingénieur Jean-Louis se rappelle que seulement 5 à 7% des décombres étaient enlevés, et ces débris, abandonnés dans les rues de la commune, gênaient la circulation. « Il n'y avait aucune vision de la reconstruction », maugrée-t-il.
Les matériaux tirés des débris seront utilisés dans la réhabilitation des rues et dans la reconstruction des maisons. Et les autorités municipales s'évertuent à préparer des concitadins de manière à constituer une firme dont la tâche sera de commercialiser les produits, selon Wilson Saint-Juste, le maire adjoint de la commune. « Nous allons reconstruire la cité à partir de ses propres cendres », se réjouit-il.
A Léogâne, la situation s'est améliorée, d'après Rebeca Grynspan, secrétaire générale adjointe des Nations unies et administratrice du PNUD. Même quand il reste beaucoup à faire.
Mme Grynspan estime que ce projet encouragé par le PNUD a permis de rapprocher davantage les autorités locales des acteurs privés. Elle préconise que la Commission priorise ces genres de projets afin d'entretenir une véritable synergie qui puisse dynamiser le processus de reconstruction en Haîti.

Lima Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89146&PubDate=2011-02-14

Commentaire
Initiative franchement intelligente qui, si elle n'est pas pourrie par la corruption, peut mener très loin dans le processus de reconstruction de Léogane.

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