L'édito

Le triomphe de L'OEA
Haïti: Après 57 jours de négociations, d'analyses, d'enquêtes, de contestations, de rétractations et de menaces, le Conseil électoral provisoire a fini par accepter de mettre en application les recommandations des experts de l'Organisation des Etats américains (OEA) sur la présidentielle du 28 novembre. La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), Mirlande Manigat, conserve la première place et doit affronter au second tour Michel Martelly de Repons Peyizan classé en deuxième position, conformément au rapport des experts de l'OEA. Le candidat de la plateforme présidentielle INITE, Jude Célestin, qui avait obtenu la deuxième place lors de la publication des résultats préliminaires le 7 décembre 2010, s'est vu relégué à la troisième place, après avoir été trahi par son parti.
L'Organisation des Etats américains a obtenu gain de cause jeudi, suite aux multiples pressions exercées par la communauté internationale sur le président René Préval. Il a fallu la visite de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et les intimidations de la France, du Canada, de l'Union européenne et de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour que le candidat du pouvoir, Jude Célestin, soit écarté du second tour, au profit du chanteur Michel Martelly, conformément aux recommandations des experts de l'organisation hémisphérique.
Prévu par la Constitution de 1987 comme une institution indépendante, le Conseil électoral provisoire dirigé par Gaillot Dorsinvil a battu le record de la dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif dans toute l'histoire de cette institution. Après avoir passé en dérision le rapport de l'OEA dans son communiqué de presse daté du 18 janvier 2011, le CEP s'est vu obligé d'appliquer ce rapport en organisant de façon grotesque toute une série de séances inutiles au Bureau du Contentieux électoral départemental (BCED) et au Bureau du Contentieux électoral national (BCEN) pour justifier l'application des recommandations des experts de l'OEA.
Cette étape franchie, le cap sera mis sur l'organisation du second tour de la présidentielle et des législatives avec les mêmes conseillers électoraux. Alors que tous les esprits étaient centrés sur les contestations au niveau présidentiel, l'institution électorale en a profité pour valider des résultats dans certaines circonscriptions où plus de cinquante pour cent de procès-verbaux n'ont pas été comptabilisés. Les cas de Grande-Rivière du Nord, de Desdunes sont les plus connus parmi toute une série constatés par des journalistes et correspondants de presse.
Nos hommes politiques doivent tirer les leçons de cette mésaventure de notre président, qualifié de plus grand stratège politique de ces vingt dernières années, pour avoir réalisé deux mandats sans interruption. Cependant, il n'a pas pu atteindre ses objectifs de fin de mandat parce qu'il avait pris la mauvaise habitude de s'en remettre entièrement à la communauté internationale à chaque crise politique interne qui aurait pu être jugulée par des organisations haïtiennes.

Lemoine Bonneau

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=88696&PubDate=2011-02-03

Commentaire
Oui, c`était la solution attendue! Mais n`allez pas croire que Préval soit totalement dépourvu du pouvoir de nuire. Son but, comme celui de son ex-mentor, Aristide? Moi ou personne! Il faut le surveiller et de près! Ces Lavalassiens n`oublient pas et leur vengeance peut faire de terribles ravages.