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samedi 26 février 2011

« L'Eglise protestante sait déjà qui voter »

L'Eglise protestante n'a pas besoin d'orienter ses fidèles vers tel ou tel candidat. « Ils savent déjà qui choisir en fonction des valeurs morales enseignées », a déclaré le président de la Fédération protestante d'Haïti, le pasteur Sylvain Exantus. Toutefois, a-t-il ajouté, « on se veut toujours neutre et disponible pour chaque candidat. » Intervenant ce vendredi sur les ondes de Radio Magik 9, le révérend a déploré l'ingérence de la communauté internationale dans les affaires du pays. Il a appelé le prochain président à convoquer une conférence nationale pour vider les contentieux et prendre le chemin du progrès.
Haïti: Dans cette phase très avancée du processus électoral, tous les endossements ou presque sont bons. Et les deux candidats à la présidence le savent. Mirlande Manigat et Michel Martelly cherchent le plus possible à améliorer leur image et à courtiser tous les secteurs susceptibles de leur apporter quelques voix. La majorité des leaders religieux indiquent qu'ils ne vont pas prendre parti. Vrai ou faux ? En tout cas, après le nouvel archevêque de l'archidiocèse de Port-au-Prince, Mgr Guire Poulard qui a soutenu la neutralité de l'Eglise catholique dans ces élections, le président de la Fédération protestante d'Haïti, le pasteur Sylvain Exantus, plus direct, a affirmé que les fidèles de l'Eglise protestante savent déjà pour qui voter.
« L'Eglise protestante n'a pas besoin d'orienter ses fidèles vers tel ou tel candidat. Ils savent déjà qui choisir en fonction des valeurs morales enseignées », a-t-il dit vendredi à l'émission Panel Magik sur Radio Magik 9, animée par Roberson Alphonse et Robenson Geffrard.
Répondant à une question directe, Est-ce que la Fédération protestante compte supporter la candidature de Mirlande Manigat qui a été remarquée dans plusieurs activités de ce secteur? le pasteur Exantus a souligné que la Fédération ne s'est pas encore réunie sur le dossier tout en précisant qu'elle n'a pas dans sa tradition l'habitude de soutenir une candidature. « On se veut toujours neutre mais disponible pour chaque candidat », a-t-il précisé.
Interrogé, en outre, sur les caractéristiques du candidat à la présidence idéal pour le secteur protestant, le pasteur Exantus a déclaré que : « Pour nous autres chrétiens qui allons voter, nous croyons premièrement dans des valeurs comme la paix sociale... Nous n'avons pas d'armes et il revient au gouvernement d'assurer notre sécurité. Les fidèles sont libres de choisir leur candidat. Le pasteur n'est pas obligé de dicter (orienter) le vote. C'est un travail qui a été fait à l'avance à partir des valeurs communiquées par l'Eglise. Il y a les valeurs morales et tout le monde sait ce que sont ces valeurs morales. »
Pour ceux qui croient que l'Eglise protestante ferme totalement ses portes aux ''païens'' ou aux non-croyants, le pasteur Exantus leur dit que l'Evangile a un espace de repentance. Mais, a-t-il précisé, les valeurs morales demeurent indéniables. « Chacun des candidats peut côtoyer n'importe quel groupe religieux de la société. Comme le fait Mme Manigat, M. Martelly peut le faire pour dire voilà ce qu'il a comme projet et qu'il est porteur de telle ou telle valeur. Nous autres, nous n'avons pas à dicter nos membres sur leur choix, parce que déjà ils ont des repères. Ils n'ont pas besoin d'une indication particulière », a rappelé une fois de plus le révérend pasteur.
Toutefois, a-t-il poursuivi, il est des choses ou des pratiques comme l'avortement et l'homosexualité que l'Eglise n'acceptera jamais. « L'Eglise est unie sur toutes les choses essentielles. Sur les choses non essentielles, c'est la liberté, mais en tout temps nous exerçons l'amour et la compassion », a avancé le pasteur Exantus.
Une conférence nationale pour vider les contentieux
S'agissant des premières actions du prochain gouvernement, l'homme d'Eglise croit qu'il est nécessaire que les prochains dirigeants du pays convoquent rapidement une conférence nationale. Un terme très cher au Dr Turnep Delpé, qui en est l'initiateur en Haïti. « Nous avons gaspillé toute notre énergie, toute notre compétence. Depuis certains temps, Haïti est devenue un pays mangeur d'hommes. Nous devons en finir avec cette pratique autour d'une table pour vider les contentieux et se regarder en face afin d'enterrer la hache de guerre », a exhorté le pasteur Exantus.
« Sinon, a-t-il renchéri, le prochain gouvernement ne fera que combler son mandat sans rien faire de sérieux pour le pays. Nous devons revenir sur les pas de Dessalines avec l'union fait la force. »
Le CEP doit mener à terme le processus électoral
Interrogé sur le fonctionnement du CEP où il est représenté par le conseiller, Leonel Raphaël, le pasteur Sylvain Exantus a avancé que l'homme doit toujours rentrer dans un processus d'amélioration comme pour dire que l'institution électorale, qui est dirigée par des hommes, doit s'améliorer également. « Nous avons rencontré le CEP plusieurs fois. Il est conscient qu'il y avait des failles à corriger pour le second tour », a-t-il dit.
Selon lui, le délai pour la réalisation des élections ne permet pas d'opérer des changements au sein du CEP. « Je crois que l'essentiel pour le moment, c'est que toutes les organisations et institutions intéressées à la question des élections doivent exercer plus de vigilance et accorder un accompagnement au CEP afin de mener à terme le processus et arriver à la formation d'un Conseil électoral permanent », a ajouté le président de la Fédération protestante tout en renouvellent sa confiance dans son représentant au sein de l'institution électorale.
Pour gagner la confiance de la population pour le second tour des élections, le pasteur Sylvain Exantus a estimé que le CEP doit respecter tout ce qu'il a fait comme promesses de correction des irrégularités. « Nous avons besoin d'un pays en paix, de résultats qui ne sont pas contestés, a-t-il dit. Les acteurs politiques impliqués dans le processus doivent prendre le CEP au mot. »
Réagissant enfin sur l'omniprésence et l'ingérence dénoncées de la communauté internationale dans les affaires internes du pays, le président de la Fédération protestante s'est désolé du fait que le dicton ''celui qui donne ordonne'' soit appliqué sur la terre de Jean-Jacques Dessalines. « Nous devons travailler pour sortir de cette situation d'ingérence. Pour y arriver, c'est dans l'unité et en appliquant notre devise ''l'union fait la force'' », a-t-il dit

« Nous avons besoin d'exercer plus de tolérance et de patience pour sortir ensemble le pays de cette situation », pasteur Sylvain Exantus.


Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89671&PubDate=2011-02-25


Commentaire
Le pasteur exhorte la population a prendre le CEP au mot, il a toutefois oublié que le CEP est le premier à ne pas respecter sa parole, à ne pas se prendre au sérieux. L’être humain, quand il triche, peut mépriser ceux qui, par un excès de sottise, prennent toutes ses contorsions pour de l’intelligence. Il finit par nous croire incapables d’identifier ce qui l’est vraiment. On ne peut pas confondre impunément l’adresse à jongler avec la tricherie et le talent. Le prendre au mot revient donc à se faire tromper en connaissance de cause. La fourberie a toujours triomphé, même provisoirement, de la naïveté. Les gens doivent au contraire être vigilants et sonner l'alarme au premier soupçon de fraude. Car c'est en négligeant cette précaution-là que nous avons avalé un gouvernement d'Aristide, le deuxième, un gouvernement de Préval, le deuxième et avons couru le risque d'un chaos majeur lors du premier tour des dernières élections. Ne laissons pas le moindre interstice au CEP ni à Préval car nous pourrions être condamnés à revivre pendant quatre longues années les mêmes cauchemars. Ce qui ne mériterait aucun pardon, aucune concession. Nous l'aurions mérité. Car un peuple averti peut s’épargner bien des troubles.

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