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vendredi 25 février 2011

L'impact de l'aide humanitaire mis en examen

Quel est l'impact de l'aide humanitaire sur les bénéficiaires ? C'est à cette question qu'une équipe mixte de l'Université d'Etat d'Haïti et de Tulane university (USA) promet de répondre.
Haïti: Des chercheurs de deux institutions appuyés par des étudiants sont à pied' oeuvre depuis octobre 2010 dans le pays pour déterminer l'impact de l'aide humanitaire sur les victimes du séisme du 12 janvier. Le 1er atelier de ce projet de 18 mois-financé par la fondation Bill et Melinda Gates-se tient ce jeudi à l'hôtel Le Plaza. La méthodologie dudit projet ainsi que des résultats déjà obtenus ont été présentés aux participants venus principalement du milieu humanitaire (des ONG internationales).
D'après le plan élaboré, quatre autres ateliers, selon le vice-recteur aux affaires académiques à l'UEH Wilson Laleau, doit se tenir dans le cadre du projet UEH/Tulane university sur l'impact de l'aide humanitaire. Pour chaque étape du projet, les universitaires se donnent un ensemble d'objectifs qui vont leur permettre de répondre à la question initiale. A la fin du processus, les chercheurs devraient être en mesure de dire si l'aide humanitaire, fournie au pays après la terrible catastrophe du 12 janvier 2010, a permis aux bénéficiaires de devenir plus dépendants ou autonomes.
500 documents portés sur l'action des ONG ont été passés en revue au cours de la première phase du projet financé par la fondation Bill et Melinda Gates. « Aucune des évaluations produites sur l'aide humanitaire dans le pays après le séisme n'a mis l'accent sur les bénéficiaires », a révélé Ky Luu, directeur exécutif de Tulane university's disaster resilience leadership academy. Le projet UEH/Tulane university, a-t-il avancé, prend en compte non seulement les donateurs, mais aussi les bénéficiaires. A son avis, il ne suffit pas d'énumérer le volume d'aide accordé au pays, il faut aussi voir l'impact de cette aide sur les gens et les institutions.
Autre observation de Ky Luu: les ressources locales ne sont pas assez valorisées dans les projets postséisme. Les institutions haïtiennes, a-t-il noté, sont très peu impliquées dans les projets en cours. Cette manière de procéder, a-t-il averti, ne va pas aider les institutions haïtiennes à se reconstruire. Les chercheurs des deux universités doivent formuler, dans le cadre du projet en cours, des propositions aux acteurs concernés en vue d'un meilleur appui à Haïti après le séisme du 12 janvier 2010.
A côté du projet UEH/Tulane university, plusieurs autres institutions évaluent le travail des ONG dans le pays. Une ONG américaine, Disaster Accountability Project, avait début janvier publié un rapport dénonçant la gestion opaque des organisations non gouvernementales gérant les fonds destinés aux victimes du séisme du 12 janvier 2010.
Très peu d'informations, notait le rapport, sont disponibles sur la manière dont les ONG ont dépensé les millions de dollars collectés aux Etats-Unis au lendemain du 12 janvier. Sur 196 ONG sélectionnées, seules 38 ont accepté de remplir le formulaire qui leur a été soumis. « Nous avons cependant constaté que seules 8 des 196 organisations donnent effectivement des informations régulières sur leur site », avait indiqué Ben Smillowitz, directeur exécutif de Disaster Accountability Project.
Même le ministère de la Planification, chargée de réguler le travail des ONG, se plaint de leur manque de transparence. Pour l'année fiscale 2008-2009, seules 56 ONG avaient soumis leur rapport au ministère de la Planification. Elles n'étaient que 19 à respecter cette exigence légale pour l'exercice fiscal 2009-2010. « Pourtant, les ONG soumettent des rapports réguliers aux bailleurs de fonds» se plaignait Jerry Maximé de l'Unité de coordination des activités des ONG du ministère de la Planification lors d'un colloque en marge du 1er anniversaire du séisme. Le fonctionnaire du ministère de la Planification, faisait état de quelque 495 ONG dûment enregistrées au ministère tandis qu'on parle de plusieurs milliers opérant à travers le pays.
Les chercheurs de l'UEH et de Tulaine university se donnent pour tâche d'éclaircir des points d'ombre que les autres recherches ou rapports sur le travail des ONG n'ont pas touchés.
Jean Pharès Jérôme
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89613&PubDate=2011-02-25

Commentaire
N'est-ce pas risible de prétendre organiser, réguler des ONG puissantes, pourvues de toutes les ressources du monde quand on est soi-même mal organisé, ancré dans l’improvisation permanente?

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