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samedi 19 mars 2011

Aristide confirme sa popularité

Plusieurs milliers de partisans de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, dans une ambiance festive s'étaient donné rendez-vous en vue de l'accueillir ce vendredi à l'aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince, avant de l'accompagner en sa résidence privée à Tabarre. Les supporteurs de l'ancien président qui vivait en exil en Afrique du Sud depuis sept ans, ont crié : « Papa nou antre » (Notre père est revenu) et lancé des propos comme pour témoigner leur divorce d'avec les deux candidats à la présidence qui s'affrontent ce dimanche 20 mars.
Haïti: Malgré ses sept ans d'exil en Afrique du Sud, le leader de Lavalas, Jean-Betrand Aristide, a confirmé sa popularité dans le pays. Son retour sur le sol natal ce vendredi l'a bien prouvé. Très tôt, plusieurs dizaines de ses partisans s'étaient déjà massés devant l'aéroport Toussaint Louverture à Port-au-Prince où allait atterrir le jet privé qui le transporte lui et sa famille. Banderoles de « Bienvenue » à l'ancien président étaient remarquées un peu partout. Annoncé pour 10H00 (heure locale), l'avion a cependant atteri avec près d'une heure d'avance, soit à 9h07 locales (14h07 GMT). Les journalistes étaient déjà sur place, mais cette avance a visiblement pris de court la majorité des partisans de « Titide » qui se préparaient à venir accueillir leur leader.
La Télévision nationale d'Haïti (TNH) diffuse des images en direct de la piste d'atterrissage. C'est bien lui à bord. Aristide accompagné de sa femme, de ses deux filles, de quelques amis et proches en descendent. L'émotion est déjà à son comble. Des téléspectateurs téléphonent à leurs proches et à leurs amis pour propager la nouvelle, d'autres se précipitent pour se rendre à l'aéroport. Le Boulevard Toussaint Louverture fourmille de motocyclistes et de véhicules surchargés de personnes brandissant des photos d'Aristide. La folie est au rendez-vous.
« Pa pale nou de Tèt kale (en référence au candidat à la présidence Michel Martely), papa nou vini kounye a », (Ne nous parlez plus de « Tèt kale », notre père est revenu », lance un jeune homme dans la vingtaine portant un t-shirt frappé à l'effigie de Jean-Bertrand Aristide et brandissant aussi des photos du leader en torge, prise lors de sa graduation comme docteur.
Les mini-restaurants situés dans les parages de l'aéroport se transforment en salles de cinéma pour les supporteurs de l'ancien prêtre catholique. Un public de tout âge se presse pour voir Aristide parler en direct à la télévision. Ceux qui ne peuvent rien voir se contentent d'écouter le discours de l'ancien président à la radio. Autant le discours les pénètre, autant ils lancent des propos témoignant leur divorce d'avec les deux candidats à la présidence qui s'affronteront au second tour le dimanche 20 mars. « Tèt kale pouse cheve jodi a » (Le crâne n'est plus rasé aujourd'hui), ironise un groupe de jeunes dans la foule.
« Michel Martelly a contribué au départ d'Aristide; pas question d'appuyer sa candidature à la présidence. Nous avons vécu sept ans de misère. Pas de Martelly ni de Manigat. Ban nou Titid », enchaîne un homme, portant des photos d'Aristide accrochés à ses habits.
Après une quinzaine de minutes, l'ancien président termine son discours et s'apprête à se rendre chez lui à Tabarre. Les bandes de rara se mettent au pas. Un char musical anime aussi la foule. La tension monte dans une véritable échauffourée avec des gens qui, ne sachant pas par quel sortie il va sortir, courent par ci par là pour tenter de voir Jean-Bertrand Aristide qu'ils n'ont pas vu en face depuis sept ans. « Il est déjà parti. Il est en route pour Tabarre. Allons-y », indique une jeune fille dans une mini jupe qui expose ses jambes tatouées.
« Non, quelqu'un vient de me dire qu'il est encore à l'intérieur », rétorque un homme dans la cinquantaine.
Un embouteillage monstre règne entre le boulevard Toussaint Louverture et le boulevard 15 octobre où se trouve la résidence privée de l'ancien président revenu d'exil du pays de Nelson Mandela. Une foule en liesse poursuit le cortège. Le gens dansent, crient, fument...Une fois arrivée devant la maison de l'ancien président, la police nationale a dû faire usage de gaz lacrymogène à plusieurs reprises pour frayer un passage au cortège. Le président rentre enfin chez lui, mais la foule le suit. Des centaines de personnes arrivent à entrer avant qu'on parvienne à fermer la barrière principale. La barrière fermée, la passion ne s'estompe pas pour autant. Les gens grimpent sur les murs d'enceinte et se jettent dans la cour. Ils arrivent même à monter sur le toit de la maison. Certains d'entre eux cueillent des mangues...Le phénomène Aristide est reparti!

Valéry DAUDIER
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90371&PubDate=2011-03-18

Commentaire
Les élections haïtiennes de demain, auront-elles finalement lieu? L`ego primera-t-il sur la collectivité? L`ignorance, primera-t-elle sur la raison? Ce peuple, privé de la lumière de l`éducation et incapable de faire la discrimination (extrêmement positive)entre un populisme moyen-ageux et la rationalité propre du XXIe siècle, saura-t-il, par un miracle, se libérer de ce carcan qui risque de mettre fin à toute possibilité d`un réveil même tardif? Le temps est vraiment, plus que jamais, à la réflexion. Dans un dernier élan d`optimisme, refusons de baisser les bras, disons-nous que l`homme, comme l`a si bien rappele Voltaire, capable des pires scélératesses, peut toujours se montrer doué pour des actes qui justifient sa proximité au regne auquel il appartient nominalement.

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