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mardi 29 mars 2011

Discours du ministre Ronald Baudin à la 52e Assemblée des gouverneurs de la BID


Haïti: Monsieur le Président de l'Assemblée,
Mesdames, Messieurs les Gouverneurs,
Monsieur le Président de la BID,
Mesdames, messieurs,
En prenant la parole à la 52ième session annuelle de l'Assemblée des Gouverneurs de la BID et a la 26ieme session de l'Assemblée des Gouverneurs de la SII, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée spéciale pour nos frères et soeurs du Japon qui traversent une période douloureuse de leur histoire à la suite du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé leur pays il y a deux semaines et demi. Je demande au Gouverneur pour le Japon d'accepter mes sincères sympathies.
Ces évènements font remonter dans notre souvenir la tragédie similaire qui a frappé Haïti en janvier de l'année dernière. Evidemment, nous nous rappelons aussi l'extraordinaire élan de solidarité dont nous avons bénéficié de la part de la communauté internationale en général et de la BID en particulier.
Alors que mon gouvernement s'apprête à passer la main à un autre gouvernement, puisque nous venons d'avoir des élections présidentielles et législatives, je saisis cette dernière occasion pour remercier la BID et tous ses membres encore une fois, aux noms du Président de la République, du Premier Ministre et de la population haïtienne en général pour le grand support qu'ils nous ont donné dans ces circonstances exceptionnelles. J'adresse aussi un remerciement spécial à nos frères et soeurs de l'UNASUR et de la CARICOM.
Cette évocation ne me fera pas oublier d'unir ma voix à celles des intervenants qui m'ont précédé à cette tribune pour adresser mes plus vifs remerciements aux autorités canadiennes, en particulier au Gouverneur Flaherty, aux autorités de la province d'Alberta ainsi qu'au maire de Calgary pour l'accueil chaleureux que la délégation haïtienne a reçu et pour l'excellente organisation de cette session.
Mesdames, Messieurs,
J'ai fait référence tantôt à la solidarité de la région envers Haïti. Je veux en prendre prétexte pour vous dire que cet accompagnement nous a permis d'amorcer la reconstruction et de jeter les bases d'une croissance soutenue et durable. En effet, nous avons beaucoup investi dans les infrastructures économiques sans négliger les services sociaux et nous avons offert beaucoup de stimulants pour attirer les investissements privés.
Nous avons pu maintenir stable le cadre macroéconomique comme en témoignent les performances enregistrées en 2010 avec un taux de croissance de -5.1% alors que l'on craignait -8.5%, une inflation maitrisée, des recettes fiscales à peine inferieures à ce qui avait été programmé avant le tremblement de terre, des réserves nettes de change en nette augmentation.
A travers tout le pays, des chantiers pour la plupart majeurs se développent, ce qui augure de bonnes années de croissance.
Dans peu de temps, nous allons lancer une série d'appels d'offres internationaux pour la construction des bâtiments de l'Etat et les travaux d'infrastructures urbaines dans le cadre de la reconstruction du centre-ville de Port au Prince.
Nous invitons les pays membres à encourager leurs entreprises spécialisées à participer à ces compétitions. Comme du reste, toutes les entreprises sont invitées à venir profiter des opportunités qu'offre la reconstruction du pays.


Nous espérons que cette dynamique porteuse d'investissements multiples du secteur privé va créer de la richesse, générer des emplois, améliorer les conditions de vie de la population haïtienne et réduire progressivement la dépendance du pays à l'égard de l'aide internationale.
Voila l'héritage que nous allons léguer au gouvernement qui va nous succéder.
Nous sommes donc embarqués dans la phase de reconstruction même s'il y a encore sur le terrain des interventions relevant de l'humanitaire. L'aide de la BID est plus que jamais cruciale pour nous.
Je profite pour remercier l'Assemblée des Gouverneurs dont la décision à Cancun l'année dernière permet à mon pays de disposer de 200 millions dollars américains par an jusqu'en 2020. Le fait que cette décision contemple le long terme nous donne l'occasion de mieux planifier et de cibler des programmes qui s'exécutent sur plusieurs années.
J'encourage donc les pays membres qui ne l'ont pas encore fait à prendre les dispositions appropriées pour accélérer le processus de ratification parlementaire de la 9ième augmentation du capital afin de permettre à la BID de matérialiser la décision de Cancun sans avoir à se préoccuper de l'avenir.
Mesdames, Messieurs,
En dépit des bonnes perspectives que je viens de brosser, l'évolution de la conjoncture suscite quelques préoccupations que je voudrais partager avec vous.
Depuis le début de l'exercice fiscal en octobre 2010, les décaissements attendus au titre de l'appui budgétaire ne se sont pas matérialisés. Cette situation a augmenté la pression sur les ressources limitées du Trésor public face à des besoins énormes. Malgré les émissions des Bons du Trésor, cette situation risque de détériorer la qualité du cadre macroéconomique. Pourtant, des engagements avaient été pris dans la plupart des cas.
Nous pensons que, dans un souci de continuité, les partenaires d'Haïti ne devraient pas discontinuer les décaissements au titre de l'appui budgétaire dans l'attente de la mise en place du nouveau gouvernement, puisque le processus électoral lui même et la transition vers l'installation du prochain gouvernement n'ont pas souffert et ne souffriront pas de rupture. Dois-je rappeler finalement que l'aide de la communauté internationale est destinée à la population haïtienne et non aux gouvernements en tant que tels.
Dans un autre registre, l'augmentation continue des prix sur le marché international, en particulier des produits alimentaires et pétroliers, fait craindre des troubles sociaux comme ceux que nous avons connus en 2008 et qui, en Haïti, avaient provoqué la chute du gouvernement d'alors.
Ces préoccupations sont amplifiées par le fait que nous clôturons actuellement un processus électoral et que très prochainement un nouveau Gouvernement va prendre fonction. Personne ne souhaite qu'à l'aube de son administration le prochain Gouvernement soit confronté à de tels risques.
C'est pourquoi je réitère ici la demande que j'avais faite samedi dernier à la réunion des Ministres des Finances pour que les institutions financières internationales s'impliquent dans la recherche de solutions capables de prévenir la matérialisation de ces risques surtout pour les petits pays de la région.
Je laisse cette tribune en émettant le voeu que la BID continue de se rapprocher chaque jour des préoccupations des pays de la région tout en accordant une attention particulière aux pays membres les plus vulnérables.

Je vous remercie.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90701&PubDate=2011-03-28

Commentaire
Le discours concis et très beau de M. Baudin n`en demeure pas moins un piège à rat. Heureusement que la communauté internationale semble s`en rendre compte et agir (ne pas agir) en conséquence. Car si le gouvernement actuel dont fait partie le ministre
se caractérise par l`efficacité (dans l`inefficacité) que nous connaissons, c`en serait fait de ces ressources confiées à un gouvernement qui, pour le plus grand bien du pays peut-être, s`en va. Le nouveau n`en entendrait même pas parler. C`est prosaïque, c`est cru, mais c`est comme ça dans les pays sous-développées et notamment en Haiti. Les crève-la-faim qui volent un pain pour ne pas mourir de faim sont humiliés publiquement, traînés dans la poussière de Port-au-Prince et d`ailleurs (ou c`est la seule chose qui abonde) tandis que, et là c`est un partage universel, les voleurs, les prédateurs en uniforme et à cravate, perchés du haut de leur tour, dictent les normes de la bonne conduite. Tartuferies grotesques!




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