Haïti: Les Etats-Unis ont demandé lundi à l'ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud, de "différer son retour" dans son pays pour éviter de perturber l'élection présidentielle dont le second tour est prévu dimanche.
L'intéressé, qui reste très populaire en Haïti, a rejeté cette demande par le truchement de son avocat. Les proches de M. Aristide à Port-au-Prince ont qualifié ces derniers jours son retour "d'imminent", après sept ans d'exil en Afrique du Sud.
"Un retour cette semaine ne peut être vu que comme le choix conscient d'avoir un impact sur les élections en Haïti", a observé à Washington Mark Toner, porte-parole du département d'Etat. "Nous demandons instamment à l'ancien président Aristide de différer son retour jusqu'après l'élection", a déclaré M. Toner, "afin de permettre aux Haïtiens de voter dans une atmosphère pacifique".
Un retour avant l'election du 20 mars "pourrait potentiellement être déstabilisant pour le processus électoral", a-t-il estimé.
Washington, a ajouté le porte-parole, a demandé au gouvernement sud-africain de faire la même demande à M. Aristide.
L'ex-président avait expliqué mi-janvier vouloir rentrer au pays pour des raisons médicales et aussi "pour contribuer à servir (ses) frères et soeurs haïtiens en tant que simple citoyen dans le domaine de l'éducation".
Dans une déclaration écrite adressée à l'AFP, son avocat, Ira Kurzban, a assuré que le retour attendu de son client n'avait rien à voir avec le scrutin et répété qu'il entendait travailler dans l'éducation. Mais il a expliqué que M. Aristide "s'inquiète qu'un changement de gouvernement en Haïti ne l'oblige à rester en Afrique du Sud".
L'administration américaine "devrait laisser cette décision au gouvernement démocratiquement élu (d'Haïti) plutôt que de chercher à dicter les conditions du retour d'un citoyen haïtien dans son pays", a ajouté Me Kurzban, qui exerce à Miami (sud-est des Etats-Unis).
M. Aristide avait dû quitter le pouvoir en 2004 face à un soulèvement armé et à la pression des Etats-Unis et de la France, qui l'accusaient d'incompétence.
De son côté, le candidat à la présidence Michel Martelly, opposé à Mirlande Manigat au second tour du scrutin prévu le 20 mars, a affirmé ne voir aucun inconvénient au retour de l'ex-président, tout en le priant d'attendre la fin de l'élection.
"Jean-Bertrand Aristide, tout comme le président Duvalier, a le droit de retourner dans son pays aujourd'hui, demain. Cela ne devrait pas bousculer les élections", a dit M. Martelly lors d'une conférence de presse, où il a reçu officiellement le soutien de cinq anciens candidats à la présidence et d'un groupe de sportifs.
Mais, a nuancé M. Martelly, "si j'avais l'autorité, je lui demanderais d'attendre lundi ou mardi pour la stabilité de la période électorale". M. Martelly a reconnu avoir le soutien de plusieurs membres du parti de l'ancien président.
M. Martelly a dit souhaiter la "bienvenue au président Aristide (...). A moins qu'il ne s'agisse d'une programmation bien étudiée".
La campagne électorale pour l'élection d'un président et d'un nouveau parlement est entrée lundi dans sa dernière semaine.
Elle a été marquée par des actes de violence, dont le meurtre de trois jeunes poseurs d'affiches, présumés proches de Mirlande Manigat. M. Martelly a condamné ces actes et rejeté toute responsabilité.
L'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier est revenu en Haïti il y a près de deux mois après 25 ans d'exil en France.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90157&PubDate=2011-03-14
Commentaire
Quelqu`un qui dit vouloir aider son pays et le veut vraiment, l`expose-t-il constamment aux soubresauts que nous constatons avec ces menaces de retour dont nous savons qu`il serait fatal pour Haiti? Dans le chaos actuel du pays, seul une personne modérée, réfléchie, encline à la concertation et aimant véritablement la paix peut intervenir efficacement et faire avancer ce pays. Quand une personne avant même de se montrer dans un environnement aussi chargé, tendu, critique, a les bras suffisamment longs pour que ses partisans, irrationnels dans leur grande majorité, fassent planer déjà sur la société des provocations, des menaces permanentes de mort, d`assassinats, des manifestations anticipées d`autoritarisme dont on n`entrevoit même pas l`issue, on a le droit d`être inquiet pour l`avenir de ce pays. Chaque fois qu`on nous parle de ce retour et qu`on le décore du complément superficiel "pour aider dans le domaine de l`éducation", ce retour nous semble encore plus dangereux. Quiconque connait les méthodes de fonctionnement, les formes de torture pratiquées dans le passe, le raffinement de la souffrance imposée à ceux qui osaient ne pas être d`accord, n`a d`autre choix que d`avoir peur pour l`avenir d`un tel pays. Car quelle éducation peut-on offrir si l`éducation n`a jamais fait partie de ses préoccupations personnelles? Si on ne l`a pas promue quand on en avait les moyens et l`autorité? Le lavage de cerveau qui nous a conduits à avoir au sein même de ce pays des citoyens (pourtant dépourvus de tout, d`abord d`éducation) plus violents qu`éduqués, plus fanatisés que rationnels, prêts à tout pour mettre le pays à feu et à sang si leur MESSIE n`est pas président de la république, cela s`appelle-t-il de l`éducation? Qui est né pour être président de la république ou rien? Haiti a pourtant des hommes et des femmes extrêmement capables. Le sous-développement, c`est cela. C`est d`abord une tare mentale. Je ne dis pas que ce phénomène ne se manifeste pas aussi dans les pays dit développés, mais ce sont des séquelles d`un passé de sauvagerie qui tarde à s`estomper, sauvagerie caractéristique d`un temps qui doit être dépassé. Une chose est loin de justifier l`autre.
UN VENT DE VIOLENCE EXTRÊME SOUFFLE SUR HAITI!
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