Fini la campagne électorale. En route vers les urnes. Dans moins de 24 heures, la population va décider si c'est Michel Martelly ou Mirlande Manigat qui aura les rênes du pays pendant les cinq prochaines années. Pour éviter certaines pratiques qui ne font pas honneur à la démocratie, le président du CEP hausse le ton et menace pour une fois d'appliquer la loi. « Le dernier mot restera à la loi, pas à la rue », a-t-il martelé. Gaillot Dorsinvil a invité la population à remplir ses droits civiles et politiques en allant voter tout en indiquant que tout est fin prêt pour le 20 mars.
Haïti: Jour J-1. Le doute et l'inquiétude s'installent. La population n'a aucune garantie sur ce qui va se passer le jour du vote, en dépit du fait que les forces de l'ordre - la police nationale et la MINUSTAH- promettent d'être à la hauteur de leurs tâches. Les manifestations violentes qui ont émaillées le premier tour du scrutin hantent encore l'esprit des gens. Comme pour garantir un meilleur déroulement du second tour, le président du Conseil électoral provisoire (CEP) hausse un tout petit peu le ton. « Le Conseil ne lésinera pas sur les moyens à utiliser pou faire respecter les prescrits de la loi en matière de contestation électorale. Le dernier mot restera à la loi, pas à la rue », a martelé Gaillot Dorsinvil au cours d'une conférence de presse vendredi.
Le patron de l'institution électorale a dit partager avec ses collègues du CEP la lourde responsabilité de réaliser les élections et a promis de ne pas lâcher prise. « Nous irons jusqu'au bout de notre engagement », a-t-il garanti. Malgré les dégâts dévastateurs du tremblement de terre, les effets du choléra..., l'institution électorale a tenu bon et a poursuivi sa route, s'est-il félicité. « Nous nous approchons de l'heure de vérité. Le 20 mars, le peuple ira aux urnes pour se choisir un nouveau chef d'Etat et de nouveaux représentants », a clamé Gaillot Dorsinvil comme pour annoncer une bataille gagnée d'avance.
Le CEP a annoncé que les deux candidats à la présidence ont droit, chacun, à un observateur au centre de tabulation pour la période de traitement des procès verbaux. L'institution électorale, selon M. Gaillot, a obtenu l'accord de Manigat et de Martelly pour la signature d'un code de bonne conduite et s'en félicite. « Mais, il ne suffit pas de prendre de bonnes dispositions, il s'agit surtout de les mettre en oeuvre », a-t-il déclaré.
M. Dorsinvil a rappelé les prescrits de la loi électorale en ses articles 122 et 122.1 qui mettent fin officiellement à la campagne électorale sur tout le territoire. « Aucune réunion politique ou électorale ne peut avoir lieu au cours de la journée précédant le jour d'un scrutin. Il en est de même pour toute propagande électorale par voie de presse parlée, écrite ou télévisée ou par l'apposition de nouvelles affiches et tout autre moyen. »
Le CEP, a ajouté Gaillot Dorsinvil, est convaincu que le respect de la loi électorale est le meilleur garant de la réussite de ces élections. Il dit avoir pris toutes les mesures nécessaire afin d'améliorer le processus.
Des mesures correctives ont été adoptées à plusieurs niveaux, comme le renforcement de la transparence au Centre de tabulation. « Le CEP a déjà saisi tous les parquets près les tribunaux de première instance du pays contre les auteurs, co-auteurs et complices des irrégularités graves et fraudes commises durant le premier tour du scrutin. Le CEP a déposé un dossier documenté et attend que l'action publique soit mise en mouvement contre les fautifs », a dit M. Dorsinvil.
342 superviseurs ont été révoqués pour leurs implications présumées dans des cas de fraudes..., a dévoilé le CEP.
Tout est fin prêt pour le 20 mars
Les directeurs des opérations électorales et des registres électoraux ont donné la garantie que la machine est parée pour le jour J. Les matériels nécessaires pour la réalisation du scrutin sont disponibles dans tous les centres de vote et tous est fin prêt, ont-ils dit.
Environ 4 200 superviseurs seront déployés dans les 1 500 centres de vote sur tout le territoire le jour du scrutin. Plus de 33 500 membres de bureau de vote sont formés et travailleront, a fait savoir le directeur des opérations électorales, Luiner Jean-Mary. Le CEP a priorisé les écoles privées ou publiques et les églises pour mettre les centres de vote.
Le directeur du registre électoral, Philippe Augustin, a souligné que les gens qui ne se sont inscrits après le 28 novembre pour avoir leur carte d'identification nationale ne pourront pas voter. Ce qui n'empêche pas pour autant à l'ONI de continuer avec la distribution des cartes qui sont utilisées à d'autres fins.
Gaillot Dorsinvil a indiqué que les résultats préliminaires seront connus le 31 mars et le 16 avril le pays connaîtra son président ou présidente et la composition totale du Parlement. « Après des années de tumultes, le peuple Haïtien à droit à des élections propres, crédibles, transparentes et dans le respect des normes démocratiques », a-t-il dit.
La communauté internationale a débloqué 2 millions de dollars supplémentaires pour la réalisation du second tour des élections. Le trésor public a ajouté 25 millions de gourdes au montant initialement prévu. M. Dorsinvil a promis que les pourcentages des résultats du premier tour des élections seront disponibles bientôt sur le site internet du CEP.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90362&PubDate=2011-03-18
Commentaire
«Il n`y a plus d`homme, c`est pourquoi les femmes se masculinisent», se lamentait Nietzsche. Mais au-delà de toute interprétation inutilement anti-féministe, au-delà de toute polarisation extrême de cette affirmation, c`est vrai qu`il n`y a plus d`homme. Combien de familles haïtiennes ont été sacrifiées ces cinquante dernières années par des gouvernements médiocres, des dirigeants bouffons, des ministres qui n`ont même pas d`autorité morale au sein de leur famille rapprochée? Et pourtant, il se trouve des gens pour les applaudir, les encenser, les élever sur une tour d`ivoire d`où ils oublient de redescendre, oubliant qu`ils y ont été hissés, non comme résultat d`un travail assidu (comme l`on obtient une médaille de la légion d`honneur), d`exploits dignes d`être retenus et transmis à la postérité, mais par la simple magie de l`ignorance. C`est donc aussi vrai, le mot de Rousseau, qui veut que là où l`éducation a été négligée, l`état a reçu un coup fatal.
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