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mercredi 16 mars 2011

Aristide rentre jeudi ? Suspense...

AFP cite une source restée anonyme: Aristide rentrera jeudi.Refusant de confirmer ou d'infirmer, le docteur Maryse Narcisse indique "que la presse sera invitée à ce retour qui ne se fera pas en cachette". Et l'Afrique du sud renvoie le département d'Etat américain au gouvernement haitien qui a délivré un passeport à Jean Bertrand Aristide désormais libre de rentrer dans son pays quand il le veut. Avant ou après le 20 mars, car sa résidence est fin prête ?
Haïti: Mardi 15 mars 2011.La peinture rose bonbon sur les murs, les herbes sauvages fraîchement coupées et la curiosité de quelques passagers à bord d'un tap-tap à regarder la résidence de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide à Tabarre mettent la puce à l'oreille. Le retour du second exil de sept ans du plus charismatique, plus populaire et plus controversé homme politique des 25 dernières années est imminent.
Quand ? « Vous le saurez ainsi que l'heure du vol. Son retour ne se fera pas en cachette », répond le Dr Maryse Narcisse, porte-parole d'Aristide et coordonnateur a.i. de Fanmi Lavalas. En réaction aux inquiétudes du département d'Etat américain qu'un retour avant le 20 mars ne perturbe, ne déstabilise le processus électoral à cinq jours du second tour de la présidentielle et des législatives, Mme Narcisse croit « il n'y a pas d'élections ». « Ce sont, enchaîne-t-elle sur les ondes de Radio Magik 9, des sélections ». Sur cette station, mardi, en début de matinée, elle s'est refusée à tout commentaire sur un éventuel support de Jean-Bertrand Aristide à Mirlande H. Manigat ou Joseph Michel Martelly.
Le retour du président Aristide qui se fera avant le 20 mars n'a rien à voir avec cette selection, selon Mme Narcisse. "Il aurait dû être ici longtemps avant cette date", ajoute-t-elle en soulignant dans la foulée qu'il ne revient pas au département d'Etat américain de déterminer la date du retour d'un Haïtien dans son pays.
En milieu de journée, l'AFP, citant une source proche de l'ex-président avait révélé, sans donner d'autre précision, qu'Aristide sera en Haïti jeudi, trois jours avant le deuxième tour de l'élection présidentielle.
En fin d'après-midi, jointe par téléphone par le journal Le Nouvelliste, Mme Narcisse n'a pas voulu confirmer si Aristide revenait jeudi comme l'indique la source de l'AFP. « La presse sera là, vous serez invités à couvrir l'événement », ajoute-t-elle, décontractée.
L'Afrique du sud ne peut pas empêcher Jean-Bertrand Aristide de rentrer en Haïti avant le week-end des élections, indique Marius Fransman, ministre des affaires étrangères de ce pays, cité par AFP. « Il ne relève pas de notre responsabilité de dire si Jean-Bertrand Aristide devrait ou ne devrait pas laisser l'Afrique du sud », ajoute-t-il, avant d'inviter les Etats-Unis à s'adresser au gouvernement haïtien ayant délivré un passeport à Aristide.
« Les Etats-Unis doivent se référer au gouvernement haïtien. C'est essentiel que ce soit le gouvernement haïtien qui conduise le processus de retour. Et nous faciliterons n'importe quelle décision qu'il aura prise », révèle Marius Fransman.
Jean-Bertrand Aristide, détenteur d'un doctorat en langues africaines, enseignant à l'Université de l'Afrique du sud à Pretoria, dans une interview récente au quotidien britannique The Guardian, avait expliqué vouloir se consacrer à l'éducation, un domaine qu'il aime, en vue de se mettre au service d'Haïti, un pays encore meurtri par le séisme de janvier 2010.
Entre-temps, si les candidats à la présidence se donnent à fond dans la campagne, les partisans de Jean-Bertrand Aristide préparent son retour. Sur le Boulevard 15 octobre à Tabarre, des banderoles affichant des messages de bienvenue sont visibles et des pancartes avec d'autres slogans du même style sont empilés à la "Fondation Aristide" où des femmes avec leurs balais se préparent à faire le ménage. « Lavalassement », selon l'une d'elle.
Portrait d'Aristide par l'AFP
Jean-Bertrand Aristide, qui doit rentrer jeudi en Haïti après sept ans d'exil, reste ultra-populaire auprès des plus humbles grâce à un discours populiste rôdé à l'époque où il était prêtre, même s'il a par deux fois été chassé de la présidence haïtienne.
Fine moustache, lunettes et costumes croisés, Jean-Bertrand Aristide a les attributs physiques de l'intellectuel des Caraïbes. Il en a aussi la carrure.
Justifiant à l'avance son retour dans le quotidien britannique The Guardian, il a expliqué vouloir se consacrer "au domaine que je connais le mieux et que j'aime: l'éducation", dans un pays encore meurtri par le séisme de janvier 2010.
Il n'en reste pas moins que son retour a de quoi bouleverser le cours politique du pays le plus pauvre des Amériques, à l'approche, dimanche, du deuxième tour de la présidentielle et deux mois après le retour de son ennemi intime Jean-Claude Duvalier.
Les deux hommes ne sauraient être plus antinomiques. Charismatique, lorsque "Baby Doc" se montre timide, Aristide jouit, même après sept ans d'absence, d'une popularité qui ne se dément pas. Car l'ancien président s'est allié une couche-clé de la population haïtienne: les plus humbles, dont il est lui-même issu.
Né à Port-Salut, dans le sud-ouest d'Haïti, en 1953, Aristide devient prêtre à 29 ans et se réclame de la "théologie de la libération" qui vise à donner dignité et espoir aux plus pauvres. Presqu'un programme politique en Haïti.
En 1985, Aristide fait son entrée sur la scène publique, lorsqu'il prononce ses premiers discours enflammés, en créole, contre la dictature de "Baby Doc", qui s'effondre un an plus tard.
Son engagement est tel qu'en 1988, la hiérarchie catholique l'exclut de l'ordre des Salésiens pour "incitation à la haine et à la violence et exaltation de la lutte des classes".
Deux ans plus tard, soutenu par la base de l'Eglise engagée et les pauvres des bidonvilles et des campagnes, il est triomphalement élu à la présidence au nom du rejet des "tontons macoutes", le bras armé du duvaliérisme, et d'un nationalisme anti-américain.
Huit mois après sa prise de fonctions, il est renversé le 30 septembre 1991 par un coup d'Etat militaire sanglant du général Raoul Cédras, chef de l'armée.
Exilé, il galvanise la diaspora haïtienne pour faire pression sur l'administration américaine, qui finit par intervenir militairement à Haïti avec 20.000 hommes.
Revenu au pouvoir en octobre 1994 grâce aux Etats-Unis - dont il considérait avant son élection "l'impérialisme plus dangereux que le sida" - Jean Bertrand Aristide n'oublie pas ses options progressistes. Après la dissolution de l'armée, il reconnaît Cuba à la veille de quitter le pouvoir le 7 février 1996.
Entretemps, il est devenu père de famille après son mariage avec une avocate américano-haïtienne, Mildred Trouillot, dont il a eu deux filles.
Malgré son retrait du pouvoir, il domine toujours la scène politique et garde sous tutelle son dauphin, René Préval, de 1996 à 2001. Son mouvement Lavalas ("l'avalanche", en créole) subit toutefois d'importantes défections. L'opposition accuse M. Aristide et son entourage d'être impliqués dans des assassinats, des enrichissements illicites et le trafic de drogue. Des accusations qualifiées de "calomnies" par M. Aristide.
Il est réélu président en 2000, mais n'a pas le temps de finir son mandat: il est chassé en février 2004, sous la menace d'une insurrection conjuguée à des pressions internationales, notamment des Etats-Unis et de la France, qui lui reprochent son incompétence.

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
Avec AFP

Commentaire
La TERREUR retournera-t-elle en Haiti? Preval déteste-t-il le pays au point de préparer ce scénario pour s`en venger? La dissolution du faible capital politique dont il bénéficiait en Haiti et dans le monde n`est-elle pas le fruit de sa propre incompétence? Doit-on rendre un pays responsable de sa propre défaite quand on n`a rien su faire pour se distinguer des autres colons créoles?

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