jeudi 10 mars 2011
Débat
Par Guy Pierre *
Soumis à AlterPresse le 10 mars 2011
1. Depuis quelques jours la presse rapporte que quelques uns des acteurs politiques, qui n’ont pas voulu participer aux élections et qui réclamaient le départ du président Préval le 7 février dernier selon les termes de la Constitution, ne veulent pas s’engager aux côtés de l’un ou l’autre des deux candidats à la présidence. Il semblerait même que quelques uns d’entre eux continuent à réclamer l’annulation du premier tour des élections.
2. Il serait sans doute intéressant de connaître les raisons pour lesquelles chacun de ces acteurs adopte cette position. L’on pourrait les discuter, les questionner et animer un grand débat. Mais à quelques jours du scrutin du 20 mars un tel débat ne serait pas fructueux car il se limiterait sans doute à souligner uniquement les supercheries de Préval que nous connaissons tous, ou à égrener les actes de fraude du CEP. Or la nation fait face à un danger : les duvaliéristes veulent avec le retour du dictateur Jean-Claude Duvalier reprendre le pouvoir. Le candidat-chanteur jouit de leur appui. Le pouvoir observe le jeu mais ne s’y oppose pas alors qu’il dispose de tous les moyens pour faire arrêter et juger, comme le demandent les citoyens et diverses instances internationales, le dictateur pour crimes contre l’humanité.
3. Il ressort donc que les acteurs politiques, qui se limitent encore à exprimer leur dépit de n’avoir pas pu forcer Préval à organiser « un bon premier tour » et laisser le pouvoir le 7 février, ne comprennent pas la situation face à laquelle le pays se trouve. Ils ne voient pas que celle-ci a totalement changé depuis le dimanche 16 janvier, et que l’entrée soudaine du chanteur-compas sur la scène politique ne traduit pas un « simple acte citoyen » sinon une stratégie bien calculée, soit celle du secteur politique qui a abusé de la nation pendant plus d’un quart de siècle.
4. Les acteurs politiques doivent mieux assumer leur responsabilité au regard de l’histoire. Ils doivent aider la nation à mettre en marche un processus visant à neutraliser et à se débarrasser à court terme des cabotins « Préval-Inité ». Ils peuvent le faire seulement en évitant qu’un autre cabotin en la personne du chanteur-candidat ne succède à ces derniers. La crise nationale est trop grave et complexe pour étirer davantage le long cycle de cabotinage. Les acteurs politiques savent mieux que quiconque que la nation accélérera sa marche vers l’abime avec le chanteur-candidat. Pourquoi donc ne veulent-ils pas dénoncer le danger et se battre pour que la nation ne tombe pas une nouvelle fois sous les bottes du duvaliérisme ? Et ne reste pas également prisonnière de l’anarcho-populisme ?
* Economiste
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10729
Commentaire
Ne croyons pas les acteurs politiques si innocents que ça! Ils savent ce qui se passe, mais comme chacun fait son propre calcul, il leur est difficile de concevoir que hors du pouvoir on peut être utile aussi. Il n`y a pas que la présidence (la vice-présidence ou un poste de ministre) qui soit un moyen efficace pour aider le pays. D`ailleurs ils sont peu, très peu, ceux qui ont réussi ce pari. Alors, le patriotisme se moque du poste occupé ou des avantages immédiats. Faites quelque chose messieurs! Il est encore temps de vous hisser au dessus de vos ambitions personnelles. La patrie acculée de toute part vous le demande.
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