Président en exil, Jean-Bertrand Aristide se prépare à retourner en Haïti vendredi à partir de l'Afrique du Sud, après sept ans. Dans un article le Miami Herald a fait le point sur les dernières péripéties de ce nouveau retour.
Haïti: Mardi, le Président Obama et le Secrétaire Général des Nations Unies n'ont pas réussi à convaincre le Président sud-africain, Jacob Zuma, de reporter le retour d'Aristide en Haïti, indiquent des sources du Miami Herald. De nombreux appels téléphoniques en ce sens ont été échangés entre les autorités onusienne, américaines et sud-africaine.
Le président Zuma a réagi pour dire qu'il était pressuré par Aristide qui avait annoncé en janvier qu'il était prêt à revenir en Haïti à n'importe quel moment. Le gouvernement de Zuma a ainsi signalé aux autorités haïtiennes d'espérer le retour d'Aristide pour ce vendredi.
Mercredi, le représentant sud-africain pour la Caraïbes, Mathu Joyini, est arrivé à Port-au-Prince. Il fait partie du comité d'accueil au président Aristide qui devra inclure des supporteurs de Miami et des membres du Black Caucus, a dévoilé le Miami Herald.
Alors qu'une nation anxieuse attend le retour de sa plus grande figure politique, la plus connue et la plus controversée, supporteurs et opposants font le débat sur le potentiel impact d'Aristide sur le plus important scrutin depuis une génération et la fragile stabilité politique d'Haïti.
"Bien que le retour Aristide peut être une force déstabilisatrice dans l'environnement politique, c'est une opportunité permettant de tester le système judiciaire, de s'attaquer aux problèmes de droit et d'affronter les dures préoccupations que nous préférons souvent éviter », a indiqué Eric Gaillard, un analyste à Port-au-Prince. « C'est une grande épreuve pour la démocratie ».
En janvier, l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, est apparu sans attendre à l'aéroport international après 25 ans d'exil en France. Il fait face actuellement à des accusations de violation des droits humains et de corruption.
Plusieurs personnes se demandent si Haïti peut prendre le risque. Depuis que le 29 février 2004, Aristide ait été renversé par une sanglante rébellion, le pays est aux prises avec des enlèvements armés, ouragans meurtriers, émeutes de la faim et la pire catastrophe naturelle de l'hémisphère, un séisme de magnitude 7.0 ayant causé 300 000 morts, un nombre égal de blessés et un million de gens vivant sous des tentes.
"Il s'agit d'un ancien président, très connu et populaire, et le peuple sera heureux de le voir. Je ne vois pas d'impact négatif ", a déclaré Jean-Henry Céant, un proche allié d'Aristide et qui se retrouve au sein d'un groupe de candidats à la présidence réclamant encore l'annulation des élections irrégulières du 28 novembre.
Céant et d'autres alliés d'Aristide, candidats à la présidence, n'ont pas réussi à obtenir beaucoup de supports des partisans d'Aristide suite aux appels lancés. Cette situation traduirait le manque de poids d'Aristide dans ce scrutin, souligne Jocelyn McCalla, un observateur d'Haïti de longue date à New York. Ce dernier dirigeait autrefois une des plus grandes organisations haitiano-américaine de défense des droits.
«Les gens continuer de chercher un Messie et Aristide joue ce rôle très bien, sauf qu'il n'arrive pas à agir ", a déclaré McCalla.
Aristide, 57 ans, arrive sans aucune garantie en Haïti, affirme le gouvernement haïtien et d'autres personnalités privées au courant de son voyage. Sa demande de 60 policiers armés a été rejetée. En vertu d'une loi votée en son absence, les anciens présidents n'ont droit qu'à cinq ans de protection par l'État.
Des questions sur le fait de savoir si Aristide fera face à des accusations criminelles vont aussi arriver.
Suite à son éviction, le gouvernement intérimaire d'Haïti soutenu par les USA a publié quatre rapports de deux commissions gouvernementales d'enquête, y compris l'une menée par l'actuel ministre de la Justice d'Haïti Paul Denis. Les rapports soulignent qu'Aristide a détourné plus de 20 millions de dollars des maigres fonds publics de son pays pour le compte de ses organismes de bienfaisance privés, son parti politique et plusieurs entreprises privées qui n'existaient que sur du papier. Mais les investigations sont restées au point mort. Les avocats d'Aristide ont toujours nié les allégations.
Dans le même temps, Aristide était sous enquête par un grand jury fédéral de Miami qui examinait des allégations de liens avec les narcotrafiquants. Des sources fédérales ont déclaré au Miami Herald que la loi de cinq ans de prescription est écoulé sur les frais éventuels de blanchiment d'argent provenant de l'enquête de la US Drug Enforcement Agency concernant les pots de vin des présumés trafiquants de drogue faits à Aristide et d'autres officiels haïtiens. Pour l'instant, le gouvernement ne fait part d'aucune information, le pays se concentre sur les élections de dimanche et craint des actes de violence.
Plus tôt cette semaine, aussi bien Manigat que son rival Michel Martelly, un chanteur connu sous le nom de "Sweet Micky", ont rejeté les craintes concernant le retour d'Aristide. Ils ont chacun souhaité à l'ancien président la bienvenue. Martelly a en plus souligné qu'Aristide n'aura pas d'influence sur le résultat du scrutin de dimanche.
Pourtant, certains pensent que Martelly, un adversaire farouche d'Aristide, qui a courtisé son électorat à partir d'une rhétorique populiste, peut-être celui qui a le plus à perdre si l'ex-président appelle à un boycott des urnes ou endosse Manigat.
Aristide a fait savoir qu'il n'a aucune ambition politique et planifie de travailler dans l'enseignement. Cette déclaration fait douter plusieurs personnes, vu son insistance à retourner en Haïti avant dimanche.
"Pour le moment, Aristide garde toujours ses capacités à créer des ennuis, par conséquent ses efforts pour revenir avant les élections, peut emmener le pays vers une profonde polarisation", a déclaré un diplomate qui a requis l'anonymat en raison de la sensibilité du sujet. "Il a aussi beaucoup de comptes à régler."
Jacqueline Charles
Miami Herald
Traduit par Johnny César
Les rédacteurs de Miami Herald Jay Weaver ont contribué à ce reportage de Miami et Lesley Clark de Washington, DC.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90287&PubDate=2011-03-16
Commentaire
Espérons qu`aucun des observateurs de ce qui se passe en Haiti et de ce qui risque, malheureusement pour l`avenir d`Haiti, de se passer avec ce retour, n`attribuera ce geste de M. Aristide à son patriotisme ou à un intérêt quelconque d`aider le pays. Indépendamment des accusations de corruption, d`assassinat, de trafic de drogue, il y a BEAUCOUP à craindre avec quelqu`un qui ne place le pays qu`après son objectif principal: RETOURNER AU POUVOIR A TOUT PRIX! Qu`est-ce qu`il offre? Rien! Ses gouvernements antérieurs attestent clairement de ses priorités: bâillonner la presse (dont la censure a déjà commencé), concentrer tous les pouvoirs entre ses mains et surtout, ne manquer de rien pour alimenter son exhibitionnisme de nouveau riche. Est-ce que 60 policiers suffisent à protéger une si grande richesse accumulée on ne sait sur la base de quelle profession ni en combien de temps? Des riches en Haiti, il y en a d`autres. Ils se passent d`un volume si considérable de gardes du corps. Le président de la nation la plus puissante de la terre est un citoyen au salaire modeste, insignifiant comparé à notre cher prêtre-compatriote-président à vie. Ubuesque et tragique situation à la fois dans un pays qui agonise doucement mais surement dans la famine et dans la crasse! Quel malheur!
OBJET:
RépondreSupprimerjeudi 17 mars 2011Aristide, vers un nouveau retour
-------
« Quand les amoureux et amoureuses se rencontrent, ils se regardent au blanc des yeux… À la croisée des regards, regards des yeux du cœur, pétille l’amour. C’est à la source de cet amour qu’ensemble nous nous plongeons en nous saluant mutuellement, en nous embrassant fraternellement…
C’est à la lumière de cet amour que j’ai découvert une grammaire, la grammaire politique. C’est à la lumière de cet amour que j’ai découvert un chapitre, le chapitre démocratique…
Là, au cœur de ce chapitre démocratique de la grammaire politique, j’ai trouvé un mot, amour. J’ai trouvé une vie, une vie d’amour. J’ai trouvé une histoire, une histoire d’amour…
Car le défi du siècle passe par cette expérience. L’an 2000 verra s’il y aura eu des hommes et des femmes capables de demeurer debout pour la démocratie ».
(Extrait du discours du Président de la République d’Haïti Jean Bertrand Aristide à l’Aréna Maurice-Richard, à Montréal, le 9 décembre 1991.)
Lucien BONNET
HAÏTI QUE LA LMIÈRE SOIT !
www.contact-canadahaiti.ca
Youtube: bonnetlucien
Et Youtube: contactcanadahaiti
Souhaitons de tout coeur que cela veuille dire quelque chose de concret!
RépondreSupprimerEspérons que Haiti sera assez vigilante pour ne pas permettre à un dictateur, ayant mis à mal son propre peuple à son seul profit et à celui de ses alliés, de reprendre pied et que des poursuites à la hauteur de ses méfaits soient engagées pour qu'il rende compte de tous ses actes dans la plus grande transparence. espérons également qu'un jour une société civile prenne la main et que Haiti connaisse un développement démocratique, économique et culturel à la hauteur de ses atouts!
RépondreSupprimerVotre commentaire, madame, traduit avec clarté ce dont notre pays a le plus besoin. C`est le genre de discours qui embête les obscurantistes, ceux qui refusent d`entrer dans le XXIe siècle.
RépondreSupprimerMerci d`être là et d`observer ce qui se passe dans notre pays avec le même intérêt que ceux, probablement des millions, qui, comme nous, gémissent après un renouveau à la fois mental, social, économique, politique, intellectuel et moral de ce pays qui a fait tant de choses grandioses dans le passé et qui n`a pas perdu sa faculté, de créer, d`aller plus loin. Le rayonnement de nos écrivains partout dans le monde, la diplomatie silencieuse de nos artistes, la force invincible de nos artisans, paysans, professionnels qui croient encore dans le pays, tout nous indique qu`il y a, qu`il doit y avoir encore de l`espoir!
Continuons d`être les voix de ces nombreux sans voix qui nous regardent!
Merci, merci!