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mardi 1 mars 2011

Haïti: Le Nouvelliste.- Combien cela a coûté à l'Etat haïtien de subventionner les produits pétroliers jusqu'à date?

Ronald Baudin (R.B).- Pour cet exercice, cela a coûté 2,3 milliards de gourdes. C'était une mesure nécessaire, car si nous n'avions pas choisi de compenser l'augmentation des prix au niveau du marché international par la subvention, cela aurait eu une répercussion négative sur la production de la totalité des entreprises et le pouvoir d'achat de la population diminuerait très nettement. Je ne crois pas que cela aurait été le meilleur choix à faire au lendemain du 12 janvier. On a donc opté pour la subvention.
L.N.- Était-ce un choix difficile?
R.B.- C'était un choix difficile, certes, mais lorsqu'on est appelé à diriger l'instance étatique, rien ne dit qu'on doit s'en tenir uniquement aux décisions faciles.
LN.- N'est-ce pas un choix trop lourd pour le gouvernement ?
R.B.- Ce n'est pas, à proprement parler, une trop lourde charge. Seulement, cela occasionne des manques à gagner importantes au niveau des recettes fiscales. Ainsi, le prochain gouvernement aura le choix entre maintenir cette mesure ou s'en débarrasser en répercutant les augmentations du marché international sur les prix à la pompe.
L.N.- Le gouvernement Préval/Bellerive a-t-il contacté les deux candidats à la présidence (Mirlande Manigat et Michel Martelly) au sujet de cette mesure ?
R.B.- Cette décision a été prise depuis mars 2010. En ce temps-là, on n'avait pas à consulter les candidats. Jusqu'à présent la décision est maintenue. Lorsque des changements s'avéreront nécessaires, vous en serez informés.
L.N.- M. le Ministre, pouvez-vous partager avec nous la teneur des modifications de la loi sur la pension civile ?
R.B.- Cette question fera l'objet d'une présentation formelle à l'intention de la presse avant la fin de cette semaine. D'ores et déjà, je peux dire tout simplement que c'est une décision qui a été prise dans l'idée de venir en aide aux héritiers des employés de l'État qui sont décédés durant le séisme du 12 janvier 2010. Cette décision avait été prise pour faciliter ceux qui avaient fait carrière dans les FAd'H et qui par la suite ont intégré l'administration publique, notamment la Police nationale.
Puisqu'il s'agit dans ces cas-là de deux régimes de pension différente, ces personnes risquaient de se trouver dans une situation où elles ne pouvaient plus travailler, et par conséquent ne pouvaient bénéficier ni de la pension de l'Armée ni de celle de l'administration publique. Donc, avec les modifications de la loi sur la Fonction publique, nous avons abouti à de nouvelles dispositions qui permettront aux gens frappés par ce problème de pouvoir joindre les deux bouts de carrière et ainsi compléter leur pension.
Avec cette modification, l'occasion nous a été donnée de résoudre un certain nombre de difficultés techniques qui existaient dans le précédent décret.
L.N.- L'ULCC dépend de votre ministère. Il y a le dossier des 163 millions du Petrocaribe et les 197 sur lesquels le président Préval avait promis des explications, il y a de cela six mois. Comment est la situation à un moment où les demandes d'explications peuvent être qualifiées de chasse aux sorcières ? Le gouvernement est-il prêt à ouvrir les placards pour donner des explications sur ces dossiers qui ont causés tellement de remous dans la presse.
R.B.- Vous venez vous-même de dire que c'est le président René Préval qui avait promis des explications à ce sujet. Je pense que c'est au président qu'il faudrait adresser la question. En ce qui me concerne, je sais que ces dossiers sont gérés par le gouvernement au niveau des ministères et des directions générales concernés par les grandes dépenses de l'État. Vous avez aussi parlé de l'ULCC, qui est sous la tutelle du ministère que je dirige. Sachez que dès la première réunion ayant suivi mon installation au ministère avec le directeur général de l'ULCC, je lui avais promis de mettre à sa disposition les moyens de sa politique d'une part, et, d'autre part, je lui avais clairement signifié que c'est vrai qu'il travaille sous ma tutelle, et je m'assurerai qu'il trouvera tous les moyens pour fonctionner comme il se doit. Mais je me garderai de tisser tout liens avec lui, qui l'empêcherait d'intervenir dans des dossiers qui concernent le ministère des Finances.
Tout ceci pour dire que, j'ai toujours laissé le choix à l'ULCC de se comporter comme une institution indépendante. Et je pèse mes mots... comme une institution indépendante. Normalement, l'ULCC devrait être une institution indépendante, mais comme la Constitution de 1987 a énuméré toutes les institutions indépendantes et n'a même pas laissé une brèche permettant de créer de nouvelles institutions indépendantes, on a donc été obligé de faire de l'ULCC une institution autonome sous la tutelle du ministère des Finances. Toutefois, elle a la liberté de fonctionner comme elle veut. Ce qui veut dire qu'elle peut à tout moment intervenir sur des dépenses se rapportant au Petrocaribe.
Concernant les 197 millions de dollars dont vous avez fait mention, laissez-moi attirer votre attention sur le fait que sous la présidence de M. Préval, trois gouvernements se sont succédé : celui de Jacques Edouard Alexis, celui de Michèle Pierre-Louis et celui de Jean-Max Bellerive . Moi, j'ai été nommé ministre de l'Économie et des Finances que dans le tout dernier gouvernement, celui de Jean Max Bellerive. Les 197 millions de dollars ont été dépensés par un gouvernement antérieur. La personne capable de répondre à cette question c'est l'ordonnateur des dépenses à ce moment précis.
Quant au gouvernement auquel j'appartiens, on a fait deux décaissements. Le premier est de 163 millions et le second de 107 millions. Nous sommes en mesure de répondre à tout moment de ces décaissements. D'ailleurs, nous suivons à la lettre les règles établies. Dans le cadre de ces deux décaissements, il y a eu une innovation qui a été apportée, à savoir : avant, les fonds du Petrocaribe avaient été gérés en dehors du budget, mais maintenant, vous pouvez-même demander à consulter le budget pour découvrir comment sont dépensés les ressources du fonds.

Propos recueillis par Roberson Alphonse et Robenson Geffrard
Décryptés par Lazard Dukenson

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89736&PubDate=2011-02-28

Commentaire
Au dessus des deux ex-premiers ministres mentionnés, se trouve le président de la république. S'il est incapable de fournir des explications fiables sur la disparition centaines de millions de dollars dans un pays qui meurt de faim, quel est son rôle après celui de recevoir un chèque mensuel? M. Ronald Baudin semble maitriser son dossier, il donne l'impression d'être crédible, au dessus de la mêlée. Souhaitons pour lui que ce soit le cas ! Mais cela suffit-il ? Peut-on en dire autant de son supérieur hiérarchique? Nous nous attendons à ce que ce dernier, le président de la république d’Haïti, monsieur René Préval, dissipe les doutes qui planent sur sa gestion, par délicatesse et respect de soi et de l'héritage moral qu'il entend laisser à ceux qui continueront de porter son nom. Le chemin de l'honneur et de la dignité n'a pas de courbe

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