Haïti: Avec Jean Bertrand Aristide de retour à Port-au-Prince, Haïti se demande quel rôle accorder à cet ex-président qui jure ne vouloir se consacrer qu'à l'éducation, mais sème des messages politiques sybillins sur son passage à deux jours de la présidentielle.
Lors de sa première allocution publique dès son retour en Haïti vendredi après sept ans d'exil, l'ancien prêtre a condamné l'exclusion de son parti, Fanmi Lavalas, du volet législatif du processus électoral en cours pour vice de forme.
"L'exclusion de Fanmi Lavalas, c'est l'exclusion de la majorité des Haïtiens", a-t-il lancé, alors que des milliers de ses partisans l'attendaient à l'extérieur de l'aéroport.
L'ancien président a répété qu'il entendait servir son pays dans le secteur éducatif, pour l'aider à se relever du tremblement de terre de janvier 2010.
Mais difficile de croire que l'ancien président ne se contente que d'une place d'humble serviteur et se prive d'intervenir sur le plan politique, notent certains Haïtiens. Surtout que la date de son retour, à 48 heures du second tour de la présidentielle, n'a rien d'anodin, note Vernon Jean, un analyste politique haïtien.
"On a l'impression que le peuple se cherche un leader qu'il n'a pas trouvé depuis le départ d'Aristide (en exil en 2004). Il va se poser en leader incontournable", estime M. Jean lors d'un entretien accordé à l'AFP.
Les analystes consultés par l'AFP pensent que l'arrivée de M. Aristide ne devrait pas faire beaucoup pencher la balance dimanche en faveur de Michel Martelly ou de Mirlande Manigat, les deux candidats à la présidence.
Mais Dan Beeton, du centre de réflexion américain Center for Economic and Policy Research, assure que l'accueil euphorique que Port-au-Prince a réservé à M. Aristide "souligne le contraste entre un dirigeant dont beaucoup d'Haïtiens pensent qu'il s'occupe d'eux et les deux candidats à la présidentielle qui ne bénéficient pas du même soutien".
Car sept années d'exil en Afrique du Sud n'ont pas entamé la popularité dont jouissait Jean Bertrand Aristide, ancien prêtre adepte de la "théologie de la libération", auprès des plus pauvres.
Dès lors, beaucoup d'électeurs pourraient être tentés "d'aller à la pêche" dimanche et refuser de se prononcer entre les deux candidats en lice.
A l'image de Magene Masony, rencontré devant la résidence de l'ancien président vendredi. "Les élections? Cela ne nous (les partisans d'Aristide) concerne pas. Aristide est notre +papa+".
Du côté du Conseil électoral provisoire, qui supervise les élections, on fait mine de ne pas se soucier de cet invité de marque.
Le retour de M. Aristide est "une question politique et ne nous concerne pas", a ainsi affirmé Jean-Marie Louiner, directeur des opérations électorales au CEP.
Les Etats-Unis et la France ont mis en garde à plusieurs reprises contre le retour de M. Aristide avant le scrutin de dimanche. Et vendredi, un diplomate occidental en poste à Port-au-Prince, a expliqué à l'AFP sous couvert d'anonymat: "Dans ce contexte (d'élections), cela peut être un élément additionnel de troubles. On avait besoin d'un climat social et politique serein. Ce retour ne peut qu'ajouter à la confusion."
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90392&PubDate=2011-03-19
Commentaire
Confusion en effet nous en avons avec tout cet état de choses indésirables. On se demande qui n`a pas suffisamment de clarté d`esprit pour comprendre la motivation de ces politiciens qui disent se sacrifier pour le pays sans qu`on voie ce qu`ils sacrifient, comment et ou. Si se sacrifier pour son pays, c`est s`enrichir rapidement et prendre ceux qui font autrement pour des incapables, Haiti n`a plus besoin de ce type de sacrifice. Le temps est au changement. Voilà le mot clef. Nous sommes fatigués! Le pays est fatigué!
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