Nombre total de pages vues

mercredi 23 mars 2011

Le piège du premier tour en place pour le second

EDITO
Le piège du premier tour en place pour le second
Haïti: Allons-nous avoir recours encore une fois à l'Organisation des Etats Américains pour désigner le gagnant de la présidentielle du 20 mars ? Trois jours après le scrutin, une question aussi importante peut paraître précipité, mais il ne sera jamais assez tôt pour faire entrer l'arbitre et ainsi éviter au pays une crise majeure.
Depuis la déclaration du Conseil Electoral Provisoire, dimanche en conférence de presse, mettant en garde les medias contre toute divulgation de résultats partiels, les deux candidats ont sorti des notes de presse pour se déclarer vainqueur. Chacun avec ses propres mots, mais l'essence des deux déclarations est semblable : personne n'a perdu les joutes du 20 mars.
Ce mardi, les organisations de surveillance du scrutin sont montées au créneau. La majorité d'entre-elles dénoncent l'aspect illégal de l'interdiction faite par le CEP qui restreint le droit d'informer des medias. Seul le RNDDH, dit comprendre cette restriction au nom de l'apaisement social.
Une visite d'une équipe du journal au centre de Tabulation a permis au Nouvelliste de mieux comprendre la machine électorale à partir de son coeur, le fameux centre de tabulation, là où arrivent les procès-verbaux pour être validés et comptabilisés. En remontant le processus, on peut déchiffrer la logique qui prévaut lors de l'élection.
Le bureau de vote qui a le contact direct avec les électeurs, le centre de vote où les procès-verbaux sont mis en paquets, le Bureau électoral Communal qui les réunit pour la commune, le Bureau électoral départemental qui a autorité sur tout un département, aucun de ces rouages ne sert à grand-chose puisque nulle part au niveau de ces échelons on ne peut vérifier ou mettre en doute les procès-verbaux.
Ce n'est qu'au centre de tabulation, loin de tous les acteurs et loin des explications rationnelles qui peuvent justifier une rature ou une addition mal faite, que les procès-verbaux commencent à avoir une existence déterminante sur l'élection.
Au centre de tabulation, sous les yeux des superviseurs, des observateurs internationaux, des représentants des organismes locaux de surveillance et des délégués des candidats, les avocats appointés par le CEP, des mains invisibles décident quels procès-verbaux seront pris en compte pour déterminer le résultat des élections présidentielle et législatives. Personne ne sais qui observe les observateurs ni qui surveille les gardiens de ce troupeau.
La dernière fois que l'OEA est intervenue dans le processus, il a fallu d'une poignée de ces précieux procès-verbaux pour changer le cours de l'histoire. La fraude massive des principaux candidats, la désorganisation totale du CEP, le manque de confiance dans les conseillers et l'ombre du pouvoir de René Préval ont pesé lourd dans la balance, mais au final, il a fallu de peu pour décider qui irait au second tour.
Aujourd'hui encore, s'il faut corriger une erreur dans le cours des élections, il suffira d'un ordre. Les millions dépensés et les énergies mobilisées ne changeront rien à l'affaire.
Et tirant leçon du premier tour, le candidat déclaré perdant ne pourra que s'incliner avec élégance.
Le piège du premier tour était à double action.
Frantz Duval
duvalf@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=90541&PubDate=2011-03-22

Commentaire
C`est le genre de chose qu`on ne peut pas soulever a posteriori. Car on perd l`avantage de la prévention. Nous ne pouvons pas, en tant que citoyens, nous laisser conduire par le bout du nez par des hommes qui n`ont d`autres préoccupations que de conserver leur poste. Ce sont là des critères trop fragiles pour servir a construire une nation, un pays, un peuple. Disons donc tout haut qu`il faut que cela change. Si le changement de Célestin à Martelly était un progrès, c`en est encore un plus grand le changement de la crise qui nous y a conduit a une gestion transparente de l`actuelle élection. Point. Auront-ils le courage d`aller jusqu`au bout, ces indécis, ces hommes et ces femmes qui ont la délicate tache de veiller sur la démocratie? C`est très douteux quand on sait que d`autres l`ont fait et ont du s`exiler avant même de se prononcer. Ils ne l`ont fait que de l`autre cote du mur. Evidemment, ils ont eu le mérite de l`avoir fait car on ne peut imposer la vocation de héros à personne. Mais CEUX QUI SONT LA MAINTENANT, SONT-ILS AUSSI COURAGEUX?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire