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mercredi 2 mars 2011

EDITO

Légèreté et doigté
Haïti: Les réunions de la CIRH continuent d'être houleuses. Les engrenages ne s'articulent pas aussi facilement que l'on pourrait l'espérer. Plus d'un an après le séisme, il est difficile de dire ce qui a été fait, se fait et se fera par cette grosse machine mise en place pour coordonner l'action des bailleurs de fonds accourus au secours d'Haïti depuis mars 2010, deux mois et quelques jours après le terrible tremblement de terre du 12 janvier.
Selon les échos qui parviennent à la presse, le ballet des milliards provoque des couacs. De petit couacs mais suffisamment souvent pour que de réunion en réunion on se rende compte que la machine n'est toujours pas sur les bons rails. A la CIRH, on se marche sur les pieds, on se bouscule, on rejoue la guerre des grands intérêts stratégiques un peu trop.
Il y a comme une imprécision dans la mission de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti. Il y a ceux qui contribuent lentement à la constitution du fonds global. Il y a ceux qui servent de caisse enregistreuse en approuvant les projets bien ou moyennement ficelés et, enfin, il y a ceux qui ont la haute main pour ordonner dépense, chou et rave.
En deux occasions de suite les parties n'ont pas offert la plus belle des images. Ce n'est pas la bataille des polochons, ni la guerre civile dans une République bananière, mais il y a un fort relent d'insatisfaction qui colore de gène l'image de la Commission.
Le public qui en espère mont et merveille commence à se demander si la gestion est une science impuissante et un art inutile en Haïti
Ce mardi, un acteur, membre de la CIRH, Réginald Boulos, pour ne pas le citer, a apporté des explications sur la définition des rôles au sein de la Commission. Edifiant. Etonant.
Les auditeurs de la radio où intervenait l'homme d'affaire ont aussi appris avec surprise que le leadership au niveau du secteur privé local est défaillant en ce qui a trait à la reconstruction, à ce que le pays pourrait attendre du secteur privé comme engagement et ambition.
Celui qui a frappé fort en critiquant ses pairs est Boulos, celui-là même qui a déjà eu deux mandats de président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti. Le Boulos qui est le grand coordonnateur du Forum du secteur privé, le bras politique des patrons des plus grosses entreprises opérant en Haïti.
Qu'elle message veut faire passer Boulos ? On n'en saura pas plus, la radio a laissé passer une occasion de presser le docteur.
Ce mois de mars est celui de la mi-course de l'exercice fiscal. Le ministre de l'Economie et des Finances est dans toute la presse. Ronald Baudin dévoile à petites doses des décisions économiques d'importance qui vont peser sur le prochain gouvernement. Selon le ministre, le gouvernement va ajuster les pensions après avoir augmenté les salaires de ses fonctionnaires. Le gouvernement va aussi continuer à dépenser les réserves accumulées en subventionnant les carburants. Le gouvernement ne va pas donner de rapport sur l'utilisation de plus de 350 millions de dollars du Fonds Petrocaribe. C'est au président de la République de le faire, c'est lui qui avait promis les éclaircissements.
Si les candidats à la présidence ne s'évertuaient pas à ramener la campagne électorale à sa plus simple expression, on pourrait espérer qu'il et elle se prononcent sur ces décisions majeures de l'exécutif, mais pas de chance pour les pauvres électeurs. Mirlande Manigat et Michel Martelly cachent bien leurs intentions. Il est plus facile de voir l'un ou l'autre danser sur scène que de les entendre prendre position sur un sujet important. C'est à qui alignera le plus de vedettes en appui à sa candidature : Ram, Wyclef et Shabba d'un côté. Fanfan Ti Bot, Barikad Crew ou Raram de l'autre.
C'est dans cette atmosphère festive que le gouvernement vient d'annoncer, comme si de rien n'était, ses intentions de privatiser l'Electricité d'Haïti.
Frantz Duval
duvalf@hotmail.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=89799&PubDate=2011-03-01

Commentaire
Toute privatisation est inique quand elle se pratique en cachette et que les vrais bénéficiaires sont ceux qui favorisent leurs amis et empochent des millions sous prétexte de défendre les intérêts de l'Etat. Quand et sous quelle forme la majorité recevra-t-elle les bénéfices de cette opération ? Qui a planifié ce changement ? Quels experts, après des débats publics, contradictoires, en ont décidé ainsi ? Toute privatisation hâtive pratiquée par un gouvernement qui n'en est plus un et qui demain ne sera plus en place est suspecte. Si en plus des 350 millions de dollars de Petro caribe dont il n’a encore donné aucune explication, monsieur Préval précipite la privatisation de l’électricité, il y a certainement anguille sous roche. Qu’y a-t-il à cacher dans ces deux transactions ? C’est la question que tout le monde devrait se poser. Car pourquoi ne pas avoir privatisé l’électricité avant ? Depuis quand un gouvernement qui a fini son mandat pouvait-il adopter avec précipitation une mesure aussi déterminante dans l’économie, pour l’avenir même du pays, sans léser les intérêts de la nation ? Mieux gouvernée qu’Haïti, après la privatisation de son secteur électrique, La République Dominicaine a pris au moins deux décennies à mettre sur pied un système viable et dont les citoyens se sentent (à 80%) satisfaits. Quel est le plan d’Haïti élaboré par le PRESIDENT Préval ?

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