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mercredi 23 mars 2011

Les entrepreneurs caribéens convoitent Haïti

Autrefois, colis encombrant, Haïti est devenue depuis le séisme du 12 janvier 2010 un marché attractif pour ses voisins de la Caraïbe. Les entrepreneurs des pays de la région sous l'égide de la Caricom veulent saisir les opportunités d'affaires qu'offre Haïti dans le cadre de sa reconstruction. Haïti a bien profité du forum sur sa reconstruction tenu cette semaine à Trinidad and Tobago pour étaler ses potentialités.

Haïti: Les entrepreneurs caribéens, surtout ceux évoluant dans le domaine de la construction, sont manifestement intéressés à s'établir en Haïti pour mieux tirer avantage des milliards de dollars américains qui devraient y être investis. Ils (les entrepreneurs) ont participé en nombre imposant et avec intérêt au forum de deux jours sur les possibilités d'affaires avec Haïti dans le cadre du processus de reconstruction.
La moisson est grande
Les besoins d'Haïti sont aujourd'hui énormes. Ils concernent tous les domaines. « Les défis ne concernent pas simplement la quantité ou le volume de travail, mais aussi la qualité des constructions », a souligné l'ambassadeur Byron Blake à l'ouverture du forum. Il a, par ailleurs, rappelé qu'Haïti a déjà adopté un plan de reconstruction qui attend d'être mis en oeuvre. Ledit plan, a-t-il avancé, prend en compte la reconstruction territoriale, économique, sociale et institutionnelle du pays.
La reconstruction d'Haïti, croit dur comme fer l'officiel de la Caricom, va enfin favoriser la décentralisation et la régionalisation dont on parle depuis des décennies. « Les autorités haïtiennes à travers le plan de reconstruction divisent le pays en différentes régions, a informé Byron Blake. Il s'agit de : Léogâne, Port-au-Prince, Saint-Marc, Cap-Haitien, Hinche et les Cayes. »

Les fonds nécessaires pour aider Haïti à dynamiser son secteur public et privé sont évalués à des dizaines de milliards de dollars sur le long terme, soit 11.5 milliards pour le secteur public contre 20 milliards pour le secteur privé. « Il faut y ajouter d'autres estimations du gouvernement pour faire d'Haïti une économie émergente d'ici 2030 », a précisé l'ambassadeur Blake. Plus loin il ajoute : « Vous voyez donc qu'il y a d'énormes opportunités en Haïti dans presque tous les domaines ».
La mairie de Port-au-Prince s'ouvre aux partenariats
« Chers Amis, nous vous invitons chez nous à travailler dans le cadre d'une démarche entrepreneuriale dynamique. Nous avons aussi besoin de votre volonté politique », a lancé, dans son exposé, le maire titulaire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason Muscadin. Il a même invité les compagnies de construction caribéenne à participer à l'appel d'offres international qui sera lancé d'ici le mois d'avril prochain pour la reconstruction des locaux de la mairie effondré sous l'effet du séisme du 12 janvier.
Le coût du projet qui sera financé par le trésor public. Les fonds, a-t-il affirmé, sont déjà disponibles.
La mairie de Port-au-Prince dit aussi réfléchir sur les moyens de reloger les centaines de milliers de victimes du séisme qui vivent encore dans les rues de sa commune. Un projet d'urgence de logement dans les zones de Bolosse, Saint-Martin et Bel-Air a été présenté par le maire Jason à l'assistance. US$351, 250,000, selon les chiffres avancés, seront nécessaires pour la construction de 7 024 appartements dans ces trois zones. « Quelque 53 220 personnes devraient être relogées dans ces appartements qui auront deux à quatre niveaux », a avancé le maire sans donner de détails sur la matérialisation dudit plan.
La CFI encourage les partenariats
Haïti, d'après Guy Lamothe, directeur du Centre de facilitation des investissements (CFI), offre aujourd'hui d'énormes possibilités et opportunités d'affaires. « Le tourisme, la construction, le textile avec la loi Hope, l'agriculture, le secteur des télécommunications », sont quelques-uns des domaines qui, à son avis, devraient intéresser les investisseurs étrangers. « Les efforts des autorités haïtiennes pour attirer les investisseurs étrangers remontent avant le séisme du 12 janvier 2010 », a rappelé Guy Lamothe, soulignant que le CFI est prêt à accompagner toutes nouvelles entreprises voulant s'établir dans le pays.
Favoriser l'établissement de partenariats entre des compagnies haïtiennes et celles des pays de la Caricom est l'un des objectifs poursuivis par les organisateurs du forum. Guy Lamothe encourage les entrepreneurs haïtiens à établir des partenariats avec leurs collègues caribéens. En Haïti, la plupart des compagnies privées à succès ont passé par-là.
Les premières retombées du forum
Avant même de retourner en Haïti, la délégation haïtienne trouve de quoi se réjouir d'avoir fait le déplacement à Trinidad. « J'ai engagé des discussions avec les autorités municipales de Trinidad sur d'éventuelles coopérations dans le cadre de la reconstruction de la commune de Port-au-Prince », a informé Jean Yves Jason Muscadin. Les autorités gouvernementales, a enchaîné Guy Lamothe, promettent d'étudier les possibilités pour faciliter l'entrée des entrepreneurs et commerçants haïtiens sur le sol trinidadien comme c'est le cas maintenant avec la Jamaïque.
Haïti pourra prochainement recevoir la visite de plusieurs entrepreneurs ayant participé aux discussions. « Je pense à visiter Haïti dans les prochains jours pour voir la situation sur le terrain », a indiqué Roland Babool, manager d'une entreprise de construction basée au Canada et à Trinidad. Il dit avoir maintenant une meilleure image d'Haïti. Les membres de la délégation guyanaise ayant participé au forum ont aussi pris l'engagement de se rendre en Haïti prochainement.
Hugh D. Burton et Raymond Cooper d'une confédération d'associations jamaïcaines de construction, de leur côté, qualifient de positif le forum pour avoir offert un espace de discussion entre les entrepreneurs ou associations d'entrepreneurs de la région. Leur point de vue est partagé par l'ing. haïtien Ketler Plaisimond, responsable du bureau d'études et de constructions, architecture, génie civil et rural.
Le directeur du CFI, Guy Lamothe estime que le forum constitue une nouvelle page dans l'histoire de la Caricom. « C'est pour la première fois qu'il y a eu des discussions directes entre les membres du secteur privé des pays de la Caricom », s'est réjoui le patron de la CFI tout en remerciant la Banque caribéenne de développement qui a rendu possible la participation d'Haïti au forum. Pour le coordonnateur de projets au bureau de la Caricom à Port-au-Prince, la délégation haïtienne a fait bonne figure dans les débats. Contrairement à ce qu'on laisse souvent entendre, il dit constater que la langue n'a pas constitué un obstacle aux discussions.
Les participants interrogés ont encouragé la Caricom, le CFI, l'Association de des chambres de commerce et de l'industrie de la Caraïbe et la Banque caribéenne de développement à ne pas laisser tomber cette initiative.
Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
Port of Spain

Commentaire
Alléchantes perspectives s`il en est! Souhaitons que les autorités haïtiennes resteront à la hauteur de toutes ces belles promesses! Elles nous ont si souvent déçus!

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