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mercredi 10 novembre 2010

10 mois après le séisme

Haïti : Une dynamique de survie dans un cycle de difficultés
mercredi 10 novembre 2010
par Ronald Colbert

P-au-P, 10 nov. 2010 [AlterPresse] --- Environ 10 mois après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010, la république d’Haïti semble davantage tourner autour d’une dynamique communautaire, plutôt sectorielle qu’institutionnelle, portant citoyennes et citoyens à rechercher eux-mêmes leurs propres voies de survie et de résistance, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Ce que les internationaux appellent “résilience” se traduit dans des efforts d’adaptation, voire d’innovation, de quête d’alternatives, à de nouvelles réalités d’existence après l’impact du séisme, face à des intempéries successives et autres phénomènes naturels non contrôlés par la population.
Il suffit d’observer le vécu quotidien des gens pour se rendre compte d’une apparente indifférence devant les démarches de politiciens qui cherchent à obtenir leurs faveurs au scrutin présidentiel et législatif, annoncé pour le dimanche 28 novembre 2010.
Au-delà de la peur et des interrogations, suscitées par l’apparition brusque, le 19 octobre, de la bactérie de choléra et son extension moins d’un mois après, différentes communautés de personnes, contraintes à vivre dans des camps de fortune depuis 10 mois, ont fait, début novembre, un choix difficile d’affronter les pluies incessantes du cyclone Tomas au lieu de s’évacuer de leurs abris précaires, comme le souhaitaient la protection civile et des autorités gouvernementales.
Sérénité et gravité paradoxales dans la douleur et les privations : telle est une caractéristique chez de nombreuses gens qui affirment ne pas croire en un hypothétique sauvetage national, à partir de la configuration politique probable qui sera issue des prochaines élections.
Les millions de gourdes [US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui], qui se gaspillent dans la multiplication des affiches électorales de candidates et candidats depuis plusieurs semaines, auraient mieux servi dans l’implantation de logements sociaux durables pour le million et demi de personnes déplacées du tremblement de terre.
En lieu et place d’espaces sociaux sécuritaires et durables, parasismiques et imperméables aux intempéries, de la définition d’un milieu de vie qui prend en compte les aléas sismiques et la vulnérabilité environnementale (sur divers paliers, y compris sanitaires), l’accent a été plutôt mis sur l’élaboration de plans de reconstruction importés et non concertés avec les secteurs vitaux de la nation.
Après le séisme, beaucoup de ménages se sont évertués à dégager des ressources financières pour pouvoir envoyer leur progéniture à l’école. D’autres ont conquis des terrains et autres espaces publics afin de pouvoir accéder à l’aide internationale ou nationale post-séisme.
Diverses organisations non gouvernementales et internationales ont essayé, tant soit peu, de colmater les brêches et autres insuffisances institutionnelles en structures sanitaires (eau potable et assainissement), en allocations alimentaires et accompagnement psycho-émotionnel.
Plusieurs associations et mouvements sociaux ont investi dans des méthodes participatives d’approche et d’accompagnement, pour chercher à surmonter des défis sectoriels, structurels et infra-structurels.
10 mois après le séisme, la quantité de décombres s’étalent, presque sans fin, dans plusieurs quartiers de la capitale Port-au-Prince, les maisons effondrées et/ou fissurées n’ayant pas encore été totalement déblayées à date.
Pendant que l’année 2010 touche à sa fin, les politiques tentent de propulser l’organisation d’élections pour le renouvellement de la présidence et du parlement, dans un contexte de revendications insatisfaites pour des logements sociaux durables et de propagation géographique de l’épidémie de choléra.
La question de l’insécurité alimentaire est agitée, sans considération des ressources et potentialités agricoles qui pourraient permettre d’asseoir une souveraineté nationale effective.
Ce sont, pourtant, les cultivatrices et cultivateurs locaux qui continuent à alimenter quotidiennement et régulièrement les marchés publics nationaux [1] lesquels regorgent de fruits, vivres, légumes et autres produits alimentaires autochtones même le jour du passage du cyclone Tomas le vendredi 5 novembre.
En l’absence de véhicules de transports publics, ayant connu un net ralentissement en raison de l’imminence du passage du cyclone Tomas, les paysannes et paysans ont utilisé leurs mulets pour amener leurs récoltes sur différents marchés publics nationaux.
Quelles formes, couleurs et stratégies – dans les dimensions sociales, économiques, politiques et culturelles – pourrait prendre cette dynamique de survie et de résistance communautaire, en fonction des perspectives, qui se dessineront avant, pendant et après les prochaines compétitions électorales promises par les autorités gouvernementales et leurs alliés internationaux ?
Et si la propagation de la bactérie de choléra bloquait l’aboutissement du processus électoral, prévu pour le 28 novembre 2010 ? [rc apr 10/11/2010 0:00]



[1] Le marché public national se déroule régulièrement 1 ou 2 fois par semaine, dépendant de l’endroit et de la zone, dans des espaces principalement appropriés par les marchandes (agricultrices ou non) qui viennent offrir - sans aucun encadrement étatique - les productions agricoles puisées des jardins (exploitations agricoles familiales et/ou communautaires) paysans.


Ronald Colbert [AlterPresse - Haiti]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article10238


Commentaire
Comme dans les temps primitifs. Chacun se défend comme il peut. Sauf si surgit quelqu'un, nous ne parlons pas d'un messie, mais un homme ou une femme politique qui se respecte et respecte la population. Il ou elle se ferait accompagner d'hommes et de femmes de bonne volonté, qui ne placent pas leur intérêt avant celui de la nation et se retrousseraient les manches pour travailler comme ne l'ont jamais fait ceux qui se sont enrichis aux dépens des pauvres de ce pays. Voilà une sortie probable de la crise aigüe qui travaille la population depuis longtemps.

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