Les scrutins présidentiel et législatif devront se tenir dans seize (16) jours en Haïti. Le Conseil électoral provisoire (CEP) s'active. Tant bien que mal, les candidats poursuivent leur campagne en dépit des ravages de l'épidémie de choléra qui se propage partout dans le pays à une vitesse folle. Tandis que le directoire de quatre plateformes politiques reste ferme sur sa position de boycotter ces joutes.
Haïti: Contrairement à la plupart de leurs candidats qui ont décidé de participer aux prochaines élections après une lutte acharnée pour exiger en vain le départ du président René Préval et le renvoi de l'actuel Conseil électoral provisoire (CEP), Alternative, « Rasanble », Libération, UCADDE et « Tèt Kole Ti peyizan ») ne se ravisent pas de leur appel au boycott des urnes. Et, sans doute, ne le feront-ils pas à deux semaines environ de la tenue des prochains scrutins qualifiés de « mascarade ».
Pour preuve, le directoire de ces plateformes faisant partie d'une opposition politique on ne peut plus fragmentée, a organisé ce jeudi une conférence de presse pour appeler les électeurs à rester chez eux le 28 novembre prochain.
« Notre position est maintenue. Nous ne participerons pas aux prochaines ''élections-sélections''», ont réaffirmé les chefs de file de ces formations politiques abandonnées par bon nombre de leurs candidats qui ne pouvaient pas résister à la tentation d'occuper les sièges vacants au Parlement.
Pour Evans Paul dit « K-Plim », dirigeant de Alyans et membre de l'Alternative, ces élections ne sont pas possibles techniquement. Il soutient son point de vue en s'appuyant sur l'actuel contexte socio-politique du pays qui est, selon lui, fragilisé par les récentes catastrophes naturelles (tremblement de terre, ouragan Tomas et l'épidémie de choléra). Cette dernière, ayant déjà fait 742 morts et 10. 000 hospitalisations se propage à rythme accéléré.
Faisant allusion entre autres à la crédibilité des actuels conseillers électoraux et à la problématique de l'épuration des listes électorales qui sont déjà publiées, l'ancien sénateur et candidat malheureux à la présidence, Turnep Delpé, a enchainé pour sa part en ces termes : « Tous les secteurs de la vie nationale et même les partenaires de la communauté internationale savent pertinemment qu'il est techniquement impossible de réaliser des élections crédibles dans le pays à la fin de l'année (...) ».
D'où la proposition des tenants de ces plateformes de l'opposition dans une lettre en date du 7 novembre 2010 adressée à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-Unies. « Afin d'éviter cette calamité politique, nous renouvelons notre position d'organiser des élections générales (présidentielles, législatives, municipales et locales) après le 7 février 2011 et dans un délai n'excédant pas la date du 28 novembre 2011. Dans cette perspective, il faut prévenir, non seulement l'application de l'article 149 de la Constitution pour prévenir le spectre d'un vide institutionnel mais aussi la mise en place du Conseil électoral permanent avant la passation du pouvoir au nouveau président de la République. Ce qui permettra, entre autres, de briser la moule qui fabrique des élections frauduleuses à partir des conseils électoraux provisoires », lit-on dans cette correspondance portant la signature de Victor Benoit (Fusion, Alternative), Jean André Victor (Rasanble), Serge Jean Louis (Libération), Jean Jeantel (UCADE) et Fednel Montchéry (« Tèt Kole Ti Peyizan »).
Ces derniers admettent qu'ils représentent un groupe minoritaire, mais différent des autres, disent-ils. « Nous sommes minoritaires, mais c'est une minorité intelligente et clairvoyante », s'est enorgueilli Serge Pierre Louis.
A l'instar de M. Pierre Louis, les candidats « dissidents » de l'opposition se croient également intelligents. C'est pourquoi, d'ailleurs, ils ont décidé de réintégrer le processus électoral. Pour l'instant, certains d'entre eux courtisent l'électorat jusque dans les camps d'hébergement, où survivent sous les tentes dans des conditions sanitaires précaires environ 1,3 million de sinistrés du séisme du 12 janvier.
Les conseillers électoraux qui viennent de rencontrer ce jeudi pour la troisième fois les candidats et les partis politiques engagés dans la course électorale pour discuter du contentieux électoral, se prennent également pour des intelligents. Pour preuve, l'institution électorale entend tout mettre en oeuvre pour réaliser les prochains scrutins qui lui tiennent beaucoup à coeur. « Le 28 novembre à 6h00 du matin, les bureaux de vote seront ouverts», a répété à maintes reprises Pierre-Louis Opont, directeur général du CEP, confiant.
Dans seize (16) jours exactement, 4,7 millions d'électeurs seront attendus dans les différents centres de vote pour élire un nouveau président, 11 sénateurs et 99 députés. Reste à savoir si ces électeurs se laisseront convaincre par le CEP et les candidats inscrits ou par cette opposition politique « émiettée» qui appelle à bouder les urnes.
Victor Junior Jean
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85550&PubDate=2010-11-12
Commentaire
On a beau chercher, on ne trouve qu'un leitmotiv dans l'environnement: chacun défend son intérêt personnel (je ne dis pas de son parti), son avenir politique. Le peuple? Connais pas! Sauf pour aller voter et placer chacun dans la place que lui a léguée son prédécesseur
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