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dimanche 21 novembre 2010

Haïti : tensions et tractations sur fond de choléra à une semaine des élections

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 21.11.10 |
12h38 • Mis à jour le 21.11.10 | 13h35

A huit jours des élections présidentielle et législatives en Haïti, quatre des 19 candidats engagés dans la course à la présidence ont demandé un report des scrutins alors que le pays fait face à une épidémie de choléra qui a déjà fait plus de mille morts. "Nous demandons aux autorités de repousser la date des élections, d'établir et de publier un plan de lutte contre l'épidémie de choléra qui menace la vie de tous les Haïtiens", écrivent Josette Bijou, Gérard Blot, Garaudy Laguerre et Wilson Jeudy, des candidats très mal classés dans les sondages. Ils réclament la création d'une commission d'enquête indépendante pour déterminer l'origine de la maladie et établir les responsabilités, en indiquant que "plusieurs indices" montrent que la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah) a une responsabilité dans l'éclosion du choléra dans le pays.
MANIFESTATIONS CONTRE LES CASQUES BLEUS
Des milliers d'Haïtiens ont manifesté cette semaine, parfois violemment, dans certaines villes du pays, dont la capitale Port-au-Prince, pour réclamer le départ des forces onusiennes, accusées d'être à l'origine de l'épidémie, et reprocher aux autorités leur gestion de la maladie. Au moins cinq personnes sont mortes et plusieurs ont été blessées au cours de heurts, dont au moins six parmi les Casques bleus.
Yvon Neptune, un ancien premier ministre également candidat à la présidence, regrette le manque de préparation des autorités face à la maladie. "Le gouvernement doit donner des indications claires au lieu de laisser tout le monde dans le flou. Quelle garantie avons-nous que les élections peuvent se tenir dans le contexte actuel ?" Il rappelle que le ministère de la santé avait déconseillé au début de l'épidémie les rassemblements politiques dans les endroits où la maladie, très contagieuse, s'est développée. "Aujourd'hui, c'est tout le pays" qui est touché, remarque-t-il.
D'autres candidats souhaitent que les élections se tiennent à la date prévue, le 28 novembre, pour éviter de nouvelles crises politiques au pays. "Il n'est pas raisonnable de parler de report, nous sommes à un point où les gens sont prêts à aller voter", a soutenu cette semaine la candidate à la présidence Mirlande Manigat, favorite dans les sondages. "On ne peut pas reporter les élections d'un mois ou deux, personne ne sait si dans l'intervalle la maladie ne va pas s'aggraver", a affirmé un autre candidat, Leslie Voltaire. Près de 4,7 millions d'Haïtiens sont appelés à choisir un successeur au président René Préval. Ils devront également élire 11 sénateurs et 99 députés.
BILAN SOUS-ÉVALUÉ
Depuis son apparition à la mi-octobre, le choléra a fait au moins 1 186 morts, tandis que près de 20 000 personnes ont été hospitalisées, selon le dernier bilan des autorités de Haïti. Un bilan que le docteur français Gérard Chevallier, qui travaille avec les autorités sanitaires haïtiennes, juge toutefois "sous-évalué". "Les notifications sont imparfaites, il y a des zones où des personnes meurent et personne ne le sait", affirme-t-il dans un entretien à l'AFP, précisant que les "deux tiers du territoire ne sont accessibles qu'à pieds".
La réponse internationale à l'épidémie de choléra qui frappe Haïti est inadaptée et les financements manquent pour venir efficacement en aide à la population, ont déclaré vendredi des organisations humanitaires comme Médecins sans frontières (MSF) et l'agence onusienne OCHA. "De sérieux manques dans le déploiement de mesures adaptées sapent les efforts pour endiguer l'épidémie", déplore MSF dans un communiqué. "Malgré la présence massive d'acteurs internationaux sur le terrain, les actions entreprises à ce jour n'ont pas permis de répondre aux besoins de la population", ajoute l'organisation. Imogen Wall, porte-parole de l'OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Onu, a déclaré avoir reçu seulement cinq des 164 millions de dollars réclamés la semaine dernière par les Nations unies pour combattre le fléau. "La réponse est totalement inadéquate et dans cette situation c'est une course contre la montre, il nous faut de toute urgence de l'aide si nous voulons sauver des vies", a-t-elle dit à Reuters.

Commentaire
Nous avons déjà demandé et nous redemandons qui contrôle qui dans cette dispersion d'énergie en Haïti? Le gouvernement n'existe plus, les ONG travaillent, il faut le dire, mais qui contrôle toutes ces organisations? Dans quelle mesure le travail de l'une n'est pas neutralisé par le travail de l'autre? Dans le chaos on ne peut jurer de rien. Mais le pire, c'est que même ce désordre est mieux que rien...quelle étrange situation! Quel manque de vergogne des politiciens qui ne font que des calculs voraces sur le dos de tout un peuple ! Surtout ceux qui semblent avoir joué un rôle direct dans la propagation du cholera par leur commerce honteux dans les camps des soldats de l’ONU.

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