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vendredi 26 novembre 2010

Célestin : « Inite gagnera et gouvernera avec ses adversaires »

Jude Célestin est sûr de gagner les élections du 28 novembre 2010, contrairement à ce que prédit le sondage du Brides. Croyant dur comme fer qu'Haïti ne périra pas, il se pose en rassembleur : ceux qui persécutent Inite seront appelés pour servir le pays, promet-il. Récit de meeting.
Haïti: Jeudi 25 novembre 2010. Jour J-2 avant la présidentielle et les législatives. La fièvre électorale monte. Les principaux candidats en lice entament le sprint final dans l'Ouest, gros morceau qui représente 40 % de l'électorat. Jude Célestin, candidat de la plateforme Inite est attendu à Carrefour Aéroport à la mi-journée,où le décor est déjà planté sur la place Miel: un podium, des speakers, deux colonnes métalliques avec posters de Jude Célestin et des photos d'autres candidats de « l'équipe Inite ». Le périmètre est bouclé par un impressionnant dispositif de sécurité mis en place par la police. Les décibels fusent. L'ambiance est festive.
Enthousiastes, des vagues de supporters de Jude Célestin, en provenance de quartiers populeux de la zone métropolitaine, convergent vers cette place aux sons de mélodies entraînantes d'innombrables « rara », peu après 13 heures .« On est une équipe et on va gagner », gage un supporteur, looké à la Bob Marley,qui porte fièrement un t-shirt de Célestin, à côté de jeunes femmes aux galbes suggestifs avouant leur amour pour « Ti jude », « l'homme des femmes ». « Tu vois, on est sur terre et dans le ciel, c'est un signe que nous allons effectivement gagner », ajoute l'une d'elle au passage d'un avion monomoteur traînant un banner estampillé : "vote Jude Célestin".
« Ceux qui sont contre la continuité sont des partisans de la transition, des coups d'Etat, de l'exclusion des masses », clame l'un des animateurs du meeting qui revient sur les opérations coup de poing des forces de l'ordre après le départ de Jean Bertrand Aristide en 2004 à Cité Soleil, au Bel-Air, à la Saline. « On ne peut pas voter pour ceux qui nous ont persécuté pendant la transition », ajoute-t-il jouant sur le spectre, l'épouvante à conjurer en votant Inite. « On ne peut pas perdre ces élections », poursuit-il. Le tambour et la voix de Azor résonnent. L'odeur de marijuana se répand aussi,autant que les photos de Jude Célestin, larguées par un autre monomoteur sillonnant les airs.
« Bruyant, bouillonnant et grande démonstration de moyens et d'argent que le voisin n'a pas », se félicite, polémique, un militant avec sa casquette aux couleurs Inite et une petite photo d'Aristide en main. Après Azor et Fredo de Kampech Ti Pay,appelle la foule à voter en faveur de Inite. « Votez Jude, donnez une chance à Haïti pour qu'Aristide revienne », scande Ti Pay sous les vivats de la foule. Le temps n'a rien altéré de l'affection des habitants des quartiers précaires pour « Titid » dont le nom mobilise. L'artiste est un transfuge qui roulait il y a peu pour Yves Cristalin, lui aussi candidat à la présidence. « Switch », plaisante-on dans la foule,en référence à une publicité célèbre.
Les heures filent. Le spot de campagne de Don Kato, roulé en boucle, ne nuit pas. La mélodie est entraînante. Des scènes de querelles entre des supporters et « des têtes de ponts » pour de l'argent se multiplient. Certaines fois on en arrive aux mains. Mais on ne s'en va pas pour autant. Le DJ tient la foule en haleine avec des hits de carnaval, du rap et un tube du moment de Blaze One dont l'a capella « Prizon federal » électrise la foule.
4 heures 58. De rutilantes 4x4 foncent vers le stage où Labady Jorel, candidat à la députation pour la circonscription Delmas-Tabarre, appelle les électeurs à voter pour lui. « Quand on vous tirait dessus dans les ghettos j'étais auprès de vous afin de le rapporter », rappelle l'ex-journaliste de Radio Télé Guinen d'Haïti, suivi par la candidate au Sénat Marie Denise Claude. « Tout le monde doit participer à la reconstruction du pays », lance-t-elle en invitant les jeunes à voter pour elle, « une femme solide », alors que l'un des animateurs qui n'en finissait de dénoncer les résultats du dernier sondage du Brides annonçait l'arrivée de Jude Célestin.
Comme au carnaval, au milieu d'une foule dense, Jude Célestin, large sourire étincelant, chemise bleue à carreaux blancs se fraie difficilement un passage. Il salue de la main. Donne des accolades, touche furtivement des femmes envoûtées par lui. Inconnu du grand public il y a quelques mois, il semble à l'aise, comme un poisson dans l'eau dans son nouveau rôle de leader politique, loin des engins à rafistoler, à réparer et des routes à percer, comme lorsqu'il dirigeait le Centre national des équipements (CNE).
Sans modifier son discours de campagne, Jude Célestin exprime sa foi dans l'avenir d'Haïti frappée par cinq cyclones, un tremblement de terre et aujourd'hui une épidémie de choléra. « Haïti ne périra pas », dit-il, en promettant de mobiliser la jeunesse à la disposition de laquelle il va mettre des écoles de formations techniques, des universités. « Je vais construire un campus universitaire dans chaque département », promet le candidat qui ne dit pas, pas plus que les autres prétendants, sur quel échéancier et avec quels fonds. Il promet aussi de « radicaliser les soins de santé ».Boulette ?
Sur le front du logement, l'ex-patron du CNE promet de reloger les 1 500 000 personnes qui vivent sous les tentes depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010. « On va reconstruire le pays et renforcer les structures de l'Etat », dit-il en annonçant la décentralisation et des mesures pour encourager les investissements dans le pays.
Confiant de sa victoire, Jude Célestin assure que Inite gagnera les élections le 28 novembre sans magouilles. Il se montre magnanime et rassembleur.« En proie à toutes sortes d'attaques, Inite n'a jamais réagi. On a déchiré nos photos, on ment à notre sujet, on nous a tiré dessus, on a tué nos partisans, on n'a pas réagi. On réagira après avoir gagné les élections en appellant nos adversaires pour qu'ils viennent travailler à nos côtés pour Haïti », indique-t-il sous des salves d'applaudissements. « C'est ça la philosophie de Inite », poursuit-il en martelant, « qu'Haïti ne périra pas ». « Ne cédez pas aux provocations, le numéro 10 va gagner », conseille le candidat avant de reprendre la route en direction de Petit-Goâve afin de poursuivre sa campagne. Il est 5 heures 33. Le meeting s'achève.

Roberson Alphonse

ralphonse@lenouvelliste.com


Commentaire
Jude Célestin, qui le connait? Est-ce une raison pour qu'il soit mauvais? Non! Mais en toute objectivité, si sa référence est le gouvernement Préval qui a été soit au pouvoir soit tres proche du pouvoir pendant ces vingt dernières années, il ne convaincra personne. C'est vrai que les peuples ont la mémoire courte, mais pas à ce point!

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