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mardi 16 novembre 2010

Miami accueille son premier débat présidentiel

Pour la toute première fois de son histoire, la diaspora haïtienne, tous pays confondus, a accueilli ce dimanche 14 novembre, à Miami, un débat présidentiel à quelque deux semaines des élections en Haïti. A l'initiative de l'organisation Les amis d'Haïti 2010, les candidats à la présidence Mirlande H. Manigat, Garaudy Laguerre et Gérard Blot ont croisé le fer pendant près de deux heures sur des thèmes comme la santé, l'environnement, la reconstruction, le tourisme, l'éducation et, bien entendu, la double nationalité.
Haïti: La diaspora haïtienne à Miami avait visiblement soif de ce débat présidentiel. Soif également d'approcher et de parler avec ceux qui souhaitent prendre les rênes du pouvoir de leur Haïti chérie. Ils étaient environ un millier à remplir l'un des auditoriums de l'Université internationale de Floride (FIU). L'interprétation en choeur de La Dessalinienne avant le lancement des débats a mis la salle en émoi. Certains avaient les larmes aux yeux. La nostalgie d'un pays ravagé par un tremblement de terre, rongé par l'épidémie de choléra et guetté par des intempéries. Ils avaient besoin de savoir quand ils pourront, en plus d'effectuer des transferts d'argent, participer aux choses de l'Etat, comme voter par exemple.
« La diaspora doit pouvoir voter prochaines élections. Elle a son mot à dire dans les affaires du pays », a martelé Mirlande H. Manigat ovationnée par le public. La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) leur a fait la promesse qu'une fois arrivée au pouvoir, l'article 15 de la loi électorale qui bannit la double nationalité sera tout simplement supprimé à travers l'amendement constitutionnel déjà enclenché par le président René Préval.
Pour madame Manigat, la Constitution de 1987 pose problème à plus d'un titre. Elle souhaite la retirer de la circulation. Tout au moins l'amender. De son côté, le leader de l'organisation politique Plateforme 16 décembre, le Dr Gérard Blot, a proposé à la diaspora haïtienne de financer le budget national à hauteur de trois milliards de dollars l'an afin de permettre au pays de recouvrer effectivement sa souveraineté. « Il y a dans la diaspora environ trente mille Haïtiens qui possèdent plus de cinq millions de dollars. S'ils acceptent chacun d'investir dans le pays 100 000 dollars, cela représentera trois milliards de dollars », une solution proposée par le candidat pour compenser les 65% du budget national financés par la communauté internationale.
Garaudy Laguerre, pour sa part, a reconnu qu'il n'est pas le plus populaire des candidats à la présidence. Cependant, il croit qu'il a la capacité nécessaire pour redresser la barque du pays à la dérive. Le leader du l'organisation politique Wozo n'a pas écarté la possibilité de faire des alliances au cas où il y aura un deuxième tour. Il a demandé à la diaspora de croire en l'avenir du pays à travers ses visions.
Bonne note pour les organisateurs !
Ce débat présidentiel est considéré comme un événement historique qui donne de l'espoir aux Haïtiens vivant à l'étranger. Les organisateurs promettent donc de faire pression sur les autorités de Port-au-Prince afin de permettre à la diaspora de voter et de jouir de leurs droits politiques. « La diaspora ne doit pas être tenue à l'écart de la vie politique du pays, a soutenu le secrétaire général de Les amis d'Haïti 2010, Edens Desbas. Elle doit participer aux prochaines élections qui auront lieu dans le pays (2015). Elle fait partie intégrante du pays. Pourquoi la priver de certains droits ? » se questionne-t-il perplexe.
Selon M. Desbas, les deux millions d'Haïtiens qui vivent à l'étranger vont marquer ces élections en demandant à leurs proches en Haïti de voter pour des candidats valables qui charrient leurs revendications. « Nous allons encourager la diaspora à supporter des candidats qui ont une vision pour le pays contrairement aux dirigeants actuels », a-t-il avancé.
Le secrétaire de les amis d'Haïti 2010 a, par ailleurs, vivement critiqué les candidats Jean-Henry Céant, Michel Martelly, Wilson Jeudi, Anacacis Jean-Hector, entre autres, qui n'ont pas voulu participer à ce débat. « Leur absence prouve qu'ils n'ont aucun respect pour la diaspora », a estimé Edens Desbas. Sans succès, Charles-Henri Baker a tenté de prendre part à ce débat via la téléconférence.
Le MHAVE plus que satisfait
Le ministre des Haïtiens vivant à l'étranger (MHAVE), Edwin Paraison, qui a assisté à ces débats, a estimé que l'agenda de la diaspora n'a pas été profondément débattu et le public est resté sur sa soif. Toutefois, il souligne l'importance de ces genres d'initiatives que son ministère sponsorise, d'ailleurs. « C'est une initiative opportune qui confirme deux choses : le premier, en me basant sur la réponse du public, est le besoin des Haïtiens de la diaspora de mieux connaître ceux qui aspirent à diriger le pays. Le deuxième, c'est l'importance de l'interaction entre des groupes de la société civile de la diaspora et ceux d'Haïti », a-t-il indiqué.
Dans ce débat présidentiel de niveau très moyen, les candidats ont fait le va-et-vient entre la reconstruction du pays, la situation des sinistrés, le système sanitaire secoué par l'épidémie de choléra, l'éducation, l'environnement, le tourisme, la double nationalité, entre autres. Ils n'ont pratiquement rien apporté de nouveau. Cependant, les Haïtiens de Miami avaient envie de voir ces candidats à la présidence. Ces filles et fils du 11e département du pays se disent très concernés par ce qui ce passe en Haïti.
Un vote symbolique a été organisée pour la circonstance. Plus de 700 personnes ont participé à cet exercice dont le résultat sera connu le 28 novembre prochain
Mirlande H. Manigat, Garaudy Laguerre et Gérard Blot ont répondu aux questions d'un panel de journalistes constitué de Valéry Numa de radio Vision 2000, Elsie Etheart de radio Mélodie FM et Haïti en Marche et Michel Soukard de radio Signal FM. Le journaliste de carrière, Patrick Elliacin, a assuré le rôle de modérateur.


Robenson Geffrard
(Miami Fl.)

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85656&PubDate=2010-11-15

Commentaire
Un candidat à la présidence d'un pays comme Haïti qui fuit le débat sur ce qu'il compte faire devrait ipso facto s'exclure volontairement de la course. Car qui, à part lui, sait ce qu'il se propose de réaliser dans un pays qui est fatigué d'être le jouet de dilettantes politiques?

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