Haïti: Près de 5 millions de Haïtiens votaient dimanche pour choisir leur président et leurs parlementaires, après une campagne marquée par des violences et au moment où l'épidémie de choléra fait des ravages dans un pays meurtri par le séisme dévastateur du 12 janvier.
Le président René Préval, qui n'est pas candidat à sa succession, a appelé samedi tous les Haïtiens à aller voter "dans l'ordre et la discipline", notant que "toutes les institutions concernées par l'organisation des élections" étaient "prêtes".
La tâche qui attend le nouveau chef de l'Etat est immense. Plus de 250.000 personnes sont mortes lors du séisme qui a jeté plus d'un million d'Haïtiens dans les rues. Et, depuis la mi-octobre, une épidémie de choléra qui n'a pas encore atteint son pic a tué 1.648 personnes.
Un doute plane sur le niveau de la mobilisation des Haïtiens. Elle dépendra pour beaucoup de la crainte qu'inspire le choléra au moment d'aller voter, même si les autorités ont insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de risque d'être contaminé en se rendant dans un bureau de vote.
Devant le bureau de vote de l'Office des assurances automobile de Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince, deux véhicules de l'ONU se sont écartés dimanche peu avant 06H00 pour laisser entrer les électeurs. Urnes et bulletins les attendaient à l'intérieur du bureau.
Les opérations de vote mettent fin à une campagne marquée par des violences sporadiques au cours desquelles plusieurs personnes ont trouvé la mort. Elle seront scrutées par les Haïtiens et par la communauté internationale après les accusations de fraudes portées par plusieurs candidats.
A la veille du scrutin, les Haïtiens ont reçu samedi des textos en créole envoyés par plusieurs candidats à la présidentielle pour les appeler à voter dimanche pour le "changement" ou la "stabilité".
Un texto de la favorite des sondages, Mirlande Manigat, a fait vibrer les téléphones portables à Port-au-Prince: "Mes frères et soeurs, levez-vous pour que nos vies changent. Fait une croix sur le numéro 68. C'est moi Mirlande Manigat qui vous envoie ce message".
Le chanteur star Michel Martelly a aussi inondé les écrans des portables: "Vous voulez du changement? Votez Numéro 8 Michel Martelly dimanche 28 novembre". Le texto est signé Têt Kalé ("Tête chauve").
Jude Célestin, le candidat du parti au pouvoir, a fait de même: "Avec Unité, assurons la stabilité. Je demande à tout le peuple haïtien de faire une croix sur tous les numéro 10 pour que l'on fasse 10/10".
Dimanche, 4.714.112 électeurs étaient appelés à voter dans 11.181 bureaux de vote pour choisir leur président, 99 députés et 11 sénateurs. Les bulletins de vote pour 19 candidats à la présidentielle, dont au moins un s'est retiré, ont été livrés dans les bureaux de vote vendredi et samedi.
Les bureaux de vote devaient fermer à 16H00 (21H00 GMT). Si un candidat dépasse les 50% des suffrages il sera élu dès le premier tour. Dans le cas contraire, un deuxième tour sera organisé le 16 janvier avec les deux candidats arrivés en tête.
Sur le terrain et dans les sondages, le candidat du pouvoir sortant Jude Célestin, l'ex-Première dame Mirlande Manigat et la star de la chanson Michel Martelly semblent les mieux placés pour se qualifier pour le second tour.
Les résultats du premier tour seront diffusés à partir du 5 décembre et proclamés le 20 décembre.
La passation de pouvoir entre René Préval, qui n'est pas candidat à sa succession, et le nouveau président se déroulera le 7 février. Ce dernier prendra ses quartiers dans les tentes et les préfabriqués posés dans les jardins d'un palais national en ruines.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86118&PubDate=2010-11-28
Commentaire
Dans les circonstances actuelles, point n'est besoin de rappeler que c'est tout l'avenir du pays qui est en jeu. Les gens sont pas assez fous ni aveugles ni masochistes pour demander la continuité de ce qu'ils ont vécu ces vingt dernières années. C'est du moins ce que les sondages nous indiquent. Donc on n'a qu'a attendre les résultats pour voir jusqu'où peut aller la manie de la fraude des dirigeants, si clairement dénoncée par l'opposition et à peine démentie par le gouvernement.
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