Le leader de RESPE, Charles-Henri Baker, dénonce l'attaque armée d'un commando contre la directrice exécutive de son parti, Mme Guirlene Cottin. Baker, dans une lettre ouverte, où il cite des sources qui laisseraient croire que des membres de la garde présidentielle faisaient partie de ce commando, a invité le chef de l'État à faire la lumière sur cette affaire.
Haïti: La directrice exécutive du parti RESPE, Mme Guirlene Cottin, a été victime d'une agression armée, chez elle, à Pèlerin 5, dans la nuit du 29 au 30 octobre 2010, a révélé le candidat à la présidence de cette structure politique Charles-Henri Baker dans une lettre ouverte adressée au président René Préval en date du 3 novembre 2010.
Plus d'une dizaine d'hommes armés de Uzi, vêtus de noir, de gilets pare-balles et de képis en laine ont empoisonné le chien de Mme Cottin, défoncé sa barrière, fait irruption chez elle et tiré plusieurs rafales dans sa chambre dont les impacts sont visibles sur les murs, a expliqué cette correspondance.
Les individus armés ayant essuyé une résistance armée de la part du compagnon de Mme Cottin ont, poursuit la lettre de M. Baker, indiqué qu'ils sont là pour ramener Mme Cottin vivante à Jude Célestin, le candidat de la plateforme présidentielle Inite. « Quel droit avez-vous de faire partie de l'opposition politique ? », ont dit les agresseurs, d'après M. Baker
« De multiples témoignages récoltés dans le quartier et dans la zone de Pèlerin ont confirmé des tirs et des mitrailles durant plus d'une heure trente. Selon d'autres sources fiables, il nous a été indiqué qu'il s'agissait d'une unité spécialisée de la garde présidentielle pilotée par un groupe d'amis zélés de votre entourage. Comprenez qu'à la lumière des faits et des témoignages de cette soirée, tout peut s'imaginer », a écrit M. Baker.
« Monsieur le président, nul besoin de vous dire la gravité de cette agression et combien elle exige de votre gouvernement les clarifications appropriées. La majorité des citoyens de notre pays mettent en doute la volonté de votre gouvernement à tenir des élections, libres, honnêtes et démocratiques, avec forte participation et sans intimidations », a-t-il poursuivi.
« Suivant les articles 19 et 23 de la constitution en vigueur, je vous rappelle l'impérieuse responsabilité que vous avez de garantir la sécurité de tous les citoyens, de tous les partis politiques, en particulier en période électorale », a conclu Charles-Henri Baker, qui a invité « la population haïtienne à se mobiliser contre toutes manoeuvres qui tendraient à porter atteinte au processus électoral, à la consolidation de notre démocratie ».
Secouée, remontée et déterminée
« C'est un crime politique. Le commando, bien organisé, coûte cher. Il était venu soit pour m'enlever, soit pour m'assassiner parce qu'il croyait que j'étais seule. Ils ont mitraillé ma chambre », a indiqué au journal Mme Guirlene Cottin. « Même si je ne suis pas intimidée, je suis cependant obligée de me mettre à couvert car mes enfants et ma famille sont inquiets », a-t-elle poursuivi en rejetant de manière énergique une quelconque implication de son ex-mari dans cette attaque.
La police enquête
Le soir de l'attaque, la police de Pétion- Ville s'était rendue sur les lieux, à Pèlerin 5. Elle a constaté des traces de sang et recueilli des douilles de 9 millimètres et de calibre 40. La cellule d'investigation du commissariat de Pétion-Ville avec la DCPJ et la police scientifique travaillent ensemble afin de vérifier si les douilles ne proviennent pas d'armes connues par la police », a confié le porte-parole de la PNH,Frantz Lerebours.
L'attaque perpétrée contre la directrice exécutive du parti RESPE intervient moins d'un mois avant les élections présidentielles du 28 novembre 2010.
Roberson Alphonse
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85299&PubDate=2010-11-03
Commentaire
Une telle accusation est grave, extrêmement grave, et mérite une réponse de la part du gouvernement et ce, rapidement. Si jamais on perdait du temps à répondre, qui nous dissuaderait de l'idée que l'acte d'intimidation est systématique et a pour but de servir de mise en garde aux autres candidats? D'ailleurs parler de mise en garde, c'est faire une concession presque excessive, car on ne se présente pas armé chez un opposant et de nuit pour juste l'intimider. Quelle lâcheté! Quelle bassesse de s'en prendre de nuit à une femme seule (qui éventuellement n'aurait pas eu la vie sauve si un homme digne de ce nom n'était présent pour faire face à cette bande criminelle). Le gouvernement du président Préval a la parole. La nécessité urgente d'avoir des élections transparentes si l'on veut sortir le pays de ce précipice exige donc une réaction gouvernementale. Madame Durocher Bertin a été assassinée sous le gouvernement d'Aristide dans des conditions tout aussi semblables. Veut-on continuer à joncher le sol de ce pays détruit, agonisant, d'autres cadavres? Veut-on revenir avec ces méthodes que, pauvres naïfs, nous croyions d'une autre époque, disparue avec le gouvernement du prédécesseur de M. Préval? N'est-il pas temps de revenir à un mode de vie civilisé après avoir fait durer trop longtemps la sauvagerie, le crime, l'intimidation comme moyen d'accéder au pouvoir? S'il est avéré que M. Célestin et son mentor sont derrière cet acte odieux et criminel, ne serait-ce pas justice que son sort en tant que candidat soit scellé par ce fait même, démontrant par là qu'il n'est pas qualifié ni politiquement, ni moralement, ni même psychologiquement pour gouverner un pays? Attendons les résultats de l'enquête de la police tout en espérant qu'elle sera caractérisée par l'objectivité que mérite la gravité de l'accusation.
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