Nombre total de pages vues

mercredi 24 novembre 2010

Va-t-on être les cobayes de l'aide internationale?

Comme ce fut le cas pour l'après-12 janvier

Haïti: Petite question épineuse pour laquelle je risque de me faire taper sur les doigts. Et pourtant, elle me turlupine depuis que j'ai vu un petit reportage sur Euro-news sur le choléra en Haïti. Tout d'abord, il y a encore et encore cette culture du misérabilisme : nous sommes pauvres, les plus pauvres du continent, et patati et patata. Le choléra va nous anéantir, car on prévoit déjà des milliers et des milliers de morts et patati et patata.
Le plus extraordinaire est que la parole est donnée à de simples volontaires étrangers dont la plupart ont une formation assez limitée et qui malheureusement, parlent en experts, tout simplement parce que faisant partie d'une ONG célèbre à défaut d'être prestigieuse. Toutes les actions des autochtones ont été occultées pour ne montrer que l'aide humanitaire qu'on nous offre. Pourtant, tous les acteurs haïtiens se sont rassemblés et travaillent à donner une réponse à cette pathologie qui n'existait pas avant. L'action est peut-être bancale; en fait, elle l'est car personne ne s'y attendait, n'y était préparé. Pourtant dans les régions où le choléra a commencé, les chiffres sont à la baisse. Aussi, il se passe des choses que je n'arrive pas à saisir.
Le choléra est la maladie de l'eau non potable et de l'hygiène insuffisante. Si des mesures sont prises pour pallier à ces problèmes, pourquoi prévoir un empirement de la situation ? Est-ce une façon de dire que l'action des Haïtiens c'est de la foutaise ? Encore une fois, nous sommes victimes de l'international qui nous met dans une éprouvette et joue à l'apprenti-sorcier. L'impression qui me reste est qu'elle nous casse la tête et la panse avec un matériel contaminé, histoire de voir comment on réagira. Je sais que mon exemple souffre cruellement d'une exagération qui pourrait jeter de l'huile sur le feu alors que le temps est à l'apaisement; mais comment penser au calme quand ceux qui nous aident posent des actions contradictoires dont le cumul semble plutôt s'orienter vers un bilan négatif? La solution pour le choléra n'est pas pour demain malgré toutes les actions entreprises et à venir, et pourtant la vaccination ne peut pas être considérée... Même pour des populations plus exposées comme les enfants, les malades du sida! Où est la logique dans tout cela ?
Je ne peux m'empêcher alors de penser à la fameuse pandémie grippale pratiquement mortelle, l'H1N1, qui, en fait, s'est révélée être une « grippette » sans grande importance.
On a pu forger rapidement un vaccin et en quantité suffisante à l'échelle mondiale et même produire un médicament dont l'efficacité n'était pas assurée, mais que tous ont acheté. Pour le choléra, c'est une autre histoire : on ne peut pas en donner parce qu'il n'y en a pas assez, parce que ce n'est pas possible, car, on ne sait pas comment faire une vaccination massive lors des flambées et patati et patata. Mais, pour moi, je pense que ce sont de faux problèmes. Le vrai, c'est plutôt que, pour la grippe, beaucoup de pays riches ont acheté le vaccin et il n'y a pas eu de rupture de stock, tandis que pour le choléra, ce sont eux qui achèteront les vaccins pour nous, car il est cher et nous sommes pauvres.
Le plus simple pour eux est donc de forcer ce pays de nègres à changer de comportement: ils doivent boire de l'eau potable et savoir les mesures d'hygiène nécessaires. Ceci constitue en soi tout un programme et on aura droit à une batterie d'experts étrangers grassement payés qui passeront une partie de leur précieux temps à observer les différentes flambées de choléra que l'on aura plus tard. Peut-être qu'un jour il faudra tester comment faire une vaccination massive et, à ce moment-là il sera justifié de l'ajouter aux autres mesures pour combattre le choléra. Mais en attendant, il faut tâcher de faire descendre la mortalité à moins de 1%.
C'est un peu cynique ; ne trouvez-vous pas ?

Dr Philippe DESMANGLES ; pdesmangles@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85852&PubDate=2010-11-23

Commentaire
C'est tellement vrai!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire