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samedi 13 novembre 2010

EDITO

L'éviscération d'une idée creuse

Haïti: Le choléra va-t-il avoir une influence sur les élections ? La question est sur toutes les lèvres à mesure que les décès et les hospitalisations se multiplient.
Garder ou changer la date, chacun y pense avec ses arrière-pensées. Celui-là en ce disant que c'est un bon débarras si cet embarras envoie le scrutin aux calendes haïtiennes encore plus hypothétiques que celles des Hellènes. L'autre y voit une occasion de se refaire, de reprendre force comme quand on part en vacances dans une lointaine province pour mieux revenir à la vie trépidante de la capitale. Enfin, une catégorie se dit comment trouver de l'argent pour tout recommencer dans trois mois, six mois, deux ans... avec des sondages si catastrophiques en main.
En attendant, les officiels, le Premier ministre et les responsables du CEP en tête, jurent qu'il n'y a jamais eu de réunion à ce sujet. L'éventualité n'a jamais été évoquée. N'a effleuré aucune tête droite, les yeux fixés sur le 28 novembre. En finir comme prévu, c'est le seul objectif de ceux qui - quoi qu'ils disent - seraient les premiers à bénéficier d'un report.
Pour le président René Préval, la chose est encore taboue. Son Excellence le garant de la bonne marche de nos institutions n'a rien dit en public sur le dossier. Les méchantes langues qui ont une mémoire d'éléphant se souviennent cependant que la présidence a encore la possibilité de finir son mandat en mai sans violer la Constitution. Cela laisse une soupape de sécurité légale pour ajuster les échéances au cas où. Une épidémie est comme un cyclone, elle nous met face à des accommodements obligés.
Novembre ou un autre mois, quelle importance ? Discuter de la date des élections sous l'égide de ce CEP et de ce gouvernement est une hérésie pour une partie de l'opposition. C'est comme l'éviscération d'une idée creuse pour les plus anciens des opposants au régime des Duvalier réunis autour de l'Alternative, un regroupement de plateformes. Bien entendu, cette parcelle de l'opposition est un gouvernement de généraux sans troupes, toutes parties faire campagne électorale sans leurs chefs.
Parlant de généraux et de troupes, dans le cadre de son mandat de support sécuritaire et logistique aux élections, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) lance ce samedi 13 novembre l'« Opération Bonjour », indique un communiqué de la force onusienne.
« L'objectif de cet exercice est de s'enquérir des difficultés éventuelles qui nécessiteraient d'être résolues à l'avance et d'inviter la population à contribuer à des élections paisibles, le 28 novembre. La MINUSTAH entend ainsi rassurer le peuple haïtien de sa capacité et de sa volonté de déployer ses forces partout dans le pays et à tout moment, pour contrecarrer, décourager et prévenir tout comportement illégal qui menacerait ces élections. »
Plus martial, tu déclares la guerre.
Le ton laisse croire que la mission est en train de dire à ceux qui veulent, pour une raison ou un autre, repousser ou faire avorter les élections : ''Pourquoi pensez-vous à éviscérer des idées creuses... au lieu de chercher à remporter les joutes ?''

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85618&PubDate=2010-11-12

Commentaire
Le cas haïtien? On ne peut éviter de penser qu'il existe un CAS HAITIEN, quel que soit le point de vue d'où l'on part. C'est une situation sui generis, jamais jamais vue auparavant. Prendre une position catégorique par rapport à ce qui s'y passe, c'est montrer qu'on est inconscient. Tout dans ce pays appelé Haïti est unique. Le niveau de la corruption, le niveau de la souffrance du peuple, le niveau d'insalubrité dans un pays pauvre où l'on ne ramasse plus les ordures, tout nous indique qu'il y a un problème, mais que la solution doit être claire, précise et radicale. Autrement, l'avenir n'est qu'un mot creux. La politique est encore malheureusement la solution. Malheureusement parce que des politiciens intelligents, il y en a ; intelligents et honnêtes, très peu ; intelligents honnêtes et courageux, capables d'affronter les rétrogrades, euh… il faut continuer à chercher...un petit peu plus!

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