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dimanche 26 septembre 2010

Commentaire de l’article de Leslie Péan sur Wyclef Jean

Par Renos Dossous

Le 26 septembre 2010

Trêve de plaisanteries! Les intellectuels haïtiens, parfois d'une lucidité étincelante, quelquefois se lancent à bride abattue, dans des chevauchées si rapides et étourdissantes dans des voies si tortueuses qu'on se demande si celui qu'on a lu hier est le même qui s'exprime aujourd'hui. Leslie Péan, brillant économiste, penseur d'un militantisme tel qu'on en voit très peu aujourd'hui, nous a habitués à une éloquence qui transpire jusque dans ses écrits les plus simples. Or voilà que cet homme brillant nous lance le défi de chercher, d’inventer les moyens de défendre deux ou trois de ces thèses qui rendent la tache assez inconfortable.
D'abord la réaction de Wycleaf Jean après sa désapprobation par le CEP. Si celui qui dit aimer Haïti, quel qu’il soit, ne comprend pas que, pour très peu institutionnalisé que soit le pays, il a une constitution, le problème est grave. Pour peu pratique et bornée qu'elle soit, elle a une fonction qui devrait être respectée par tous, tant qu'elle n'aura pas été amendée. Ne pas accepter son verdict, c'est ne pas vouloir jouer selon les règles. Dans de telles circonstances, et avec toutes les ressources dont dispose Wyclef Jean, Qui sait ce à quoi ce pays s'exposerait si les forces de la MINUSTAH n'étaient pas sur le terrain.
Et puisque nous y sommes, parlons de cette force de la MINUSTAH! Notre compatriote Péan, ce penseur dont nous sommes fiers, nous dit que ses membres ne sont pas aimés en Haïti par tous. Ce qui est vrai et certains comportements de plusieurs de ses membres justifient un tel sentiment. Mais leur présence n'est-elle pas, malgré tout, une garantie, une protection contre le chaos qui y régnerait si nous étions encore dans l'environnement que nous ont infligé les "Zenglendos", les "chimères" et d’autres vermines rongeant tout aussi efficacement les entrailles de ce peuple qui souffre déjà tellement?
Mais il y a encore une autre contradiction qui nous surprend venant de cette personne que nous apprécions. Si Duvalier a utilisé l'art, la musique dans ce cas, pour abêtir, aliéner le peuple, pour le priver de la conscience de son état, par quelle magie une instauration actuelle de cette même réalité, par Wyclef Jean ou Sweet Micky conviendrait-elle à Haïti? Le mal d’hier, le bien d’aujourd’hui ? Est-ce parce que ces personnes qui s'improvisent politiciens sont loin de la politique, donc de tout ce qu’elle implique de négatif, qu’elles sont mieux qualifiées pour faire de la politique? Mais enfin, calmons-nous! Reprenons les choses où nous les avons laissées depuis Duvalier. Reprenons cette patience que les politiciens nous ont réellement enlevée et qui devient maintenant plus que jamais indispensable pour construire correctement ce qui mérite de l’être : l’avenir du pays. C'est à dire, ayant vécu un règne de stabilité (celle qui est caractéristique de beaucoup de dictatures, pas toutes) on aurait pu, sans cautionner les moyens qui nous y ont conduits, maintenir cette stabilité positive qui nous a conservé la monnaie nationale- et là Leslie Péan l'économiste peut nous apprendre beaucoup de choses - pendant des lustres au taux de 5 gourdes pour 1 dollar. Mais ce n'est pas tout. Pendant le régime de Duvalier, s'il est vrai que les tontons macoutes, ces détestables assassins du peuple, faisaient la pluie et le beau temps en matière de police, celle dont précisément ils ignoraient absolument tout, nos dirigeant étaient en général, des gens qualifiés. Rejetons toute forme de dictature mais retenons ce qu'ils ont eu de positif.
Finalement, lorsque Wyclef Jean s'identifie au peuple pour dire que ce n'est pas lui qui a été rejeté par le CEP, mais le peuple, de quel peuple s'agit-il? A-t-on des preuves que ce "peuple" dont il parle va au delà du petit groupe qu'il nourrit tant soi peu chaque fois qu'il les voit ou chaque fois que ces personnes s'adressent à sa fondation? L’on pourrait même commencer un sondage en ce sens et d’abord aux Etats-Unis. Dire qu'il ne fait rien serait tout aussi mentir que de dire qu'il sauvera Haïti. Ce ne sont pas ceux qui courent le risque de voter avec leur ventre qui pourraient décider de l'avenir d'un pays aussi fragile. Et ce ne sont pas ceux qui les utilisent comme de simples instruments qui feront quoi que ce soit en Haïti. Je pensais que cela était évident. Ce n’est pas moins vrai que si un être humain est porté à dépendre de ces promesses et solutions extrêmes pour ne pas mourir de faim, la société toute entière est coupable. C'est honteux, et nous devons tous assumer cette honte, que des gouvernements successifs fassent de nos pères de familles, des femmes de notre pays et de nos enfants, des instruments politiques aux mains du premier venu parce qu'ils n'ont point d'alternative. Mais c'est aussi une responsabilité des intellectuels de ne pas induire le peuple en erreur et de ne pas projeter cette image de légèreté, de banalisation même de la politique, qui s'expose dans le discours étonnant d'un homme qui a tant de choses à nous apprendre comme Leslie Péan!
A aucun moment de l’histoire de l’humanité le peuple n’a fait montre de cette science infuse sur la chose publique au point de s’improviser chef d’état du jour au lendemain pour le bien du peuple. Aristide n’est-il pas un exemple suffisant ?

1 commentaire:

  1. Style lourd. Pourquoi toujours ces chemins tortueux, alors que la simplicité aiderait à la clarté ?

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