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mercredi 29 septembre 2010

Haïti lance un programme de retour pour ses cadres expatriés

Recourir aux cadres de la diaspora pour pallier le manque de ressources humaines en Haïti : l'idée a souvent été évoquée ces dernières années.
Elle a pris une nouvelle actualité après le terrible tremblement de terre du 12 janvier, qui a tué plus de 230 000 personnes. Déjà faible avant le séisme, l'Etat haïtien a perdu des milliers de hauts fonctionnaires. Des administrations entières, comme la direction générale des impôts, ont été décimées. La fuite des cerveaux s'est accentuée après la catastrophe. Parmi les survivants, beaucoup de ceux qui en avaient les moyens sont partis à l'étranger.

Une tempête destructrice pour les camps de réfugiés

Six morts, des dizaines de blessés, des milliers de tentes détruites : la tempête, qui s'est abattue vendredi 24 septembre sur Port-au-Prince, n'a pourtant duré que trente minutes. Cela a suffi pour semer la mort et la destruction dans les camps de réfugiés où sont toujours entassées plus de 1,3 million de personnes, neuf mois après le séisme du 12 janvier. La plupart des victimes sont des enfants ou des personnes âgées, tuées ou blessées par des branches d'arbres ou des morceaux de tôle arrachés par le vent. Parmi les tentes détruites, nombreuses étaient déjà abîmées après des mois d'usage.
Afin de "promouvoir le transfert de compétences", le ministre des Haïtiens vivant à l'étranger, Edwin Paraison, vient de lancer un "programme de mobilisation de la diaspora". Toutefois, pour éviter les déconvenues et les frictions du passé, il a préféré démarrer modestement.
Une première phase, financée à hauteur de 500 000 dollars (370 000 euros) par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), doit permettre de tester le projet.
M. Paraison espère obtenir de 5 millions à 10 millions de dollars de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) pour financer, sur une période de trois ans, l'embauche de 200 à 300 experts haïtiens expatriés aux Etats-Unis, au Canada, en France et en République dominicaine. Ces quatre pays ont été choisis, car ils abritent les plus fortes concentrations de travailleurs qualifiés haïtiens.
"Nous allons commencer par la fonction publique, mais le secteur privé pourra également bénéficier de ce transfert de compétences, explique le ministre. Chaque ministère et organisme autonome devront définir leurs besoins en ressources humaines. Il ne s'agit pas de rapatriement définitif, mais de renforcer les cadres sur place par des transferts de connaissances sur des périodes allant de six mois à un an."
Le programme est fondé sur le volontariat, "avec des gratifications comparables à ce que reçoivent les cadres haïtiens et des facilités pour le logement et le transport", selon M. Paraison. Les consulats haïtiens à Montréal, New York et Miami ont déjà reçu des curriculum vitae de personnes intéressées par le programme, notamment de Haïtiens retraités au Canada.
"Nous souhaitons qu'une certaine priorité soit accordée aux cadres de la diaspora par les organisations non gouvernementales et les organisations internationales présentes en Haïti, lorsqu'elles cherchent à recruter, ajoute Edwin Paraison. Ces candidats ont l'avantage de connaître la langue et la culture."
Comptant près de 4 millions de personnes dans plus d'une vingtaine de pays, la diaspora est le principal bailleur de fonds des quelque 10 millions de Haïtiens de l'île. "Les transferts de fonds de la diaspora atteignent 2 milliards de dollars (1,47 milliard d'euros) par an, plus du quart du produit intérieur brut, beaucoup plus que la coopération internationale", rappelle le ministre.
L'exclusion de tous les candidats à la présidence venant de la diaspora, à commencer par le chanteur de rap Wyclef Jean, a relancé la polémique sur les droits politiques des expatriés. Le ministre Paraison a publiquement regretté cette exclusion et demandé une réforme de la Constitution pour garantir la double nationalité et "la participation effective des citoyens haïtiens de la diaspora dans la vie politique de leur pays", comme électeurs et candidats.

Jean-Michel Caroit

http://www.caraibesfm.com/index.php?id=6866


COMMENTAIRE
Celui qui a élaboré un tel projet doit avoir mûrement réfléchi. Mais a-t-on fait des études de faisabilité raisonnables, objectives? Voilà des détails qui pourraient considérablement aider les intéressés à comprendre qu'il ne s'agit pas d'une improvisation de plus, un art dans lequel les politiciens haïtiens sont passés maitres. Il faut avouer que si les conditions sont prises pour mener à bien le projet, cela pourrait porter des fruits. Que vont faire les coopérants internationaux que ne pourraient faire les Haïtiens eux-mêmes? Ce n'est pas que le pays n'ait point besoin de ces coopérants d'autres nationalités, mais de meilleurs profits peuvent en dériver si tout se fait correctement.

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