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jeudi 2 septembre 2010

Duvalier veut donner ce qu'il n'a plus

Dans une interview publiée cette semaine au site d'information anglo-saxon Daily Beast, qui lui demandait une réaction après le séisme de janvier dernier, l'ex-président à vie d'Haïti, Jean-Claude Duvalier, affirme que contrairement à ses successeurs, aucun haut dignitaire de son administration n'a été poursuivi pour crimes ni pour trafics illicites.
Haïti: Jean-Claude Duvalier veut faire autre jeu. Les quelque 7 millions de dollars américains du fonds des Duvalier gelé depuis 2002 par le gouvernement suisse ne pourront plus retourner sur son compte. Cependant, malgré qu'il n'ait plus droit sur cet argent depuis près de huit ans, il veut en faire don à la Croix-Rouge américaine pour aider les sinistrés du 12 janvier. « Après le séisme du 12 janvier 2010, j'ai choisi de faire don des fonds de la fondation de feu ma mère, Simone Ovide Duvalier, à la Croix-Rouge américaine (compte tenu de la proximité des deux pays) en vue d'apporter une assistance d'urgence aux victimes des communes de Léogâne, Carrefour, Port-au-Prince,... », a écrit l'ancien président à vie d'Haïti au site d'information Daily Beast. L'héritier de François Duvalier dit douter de la bonne volonté du gouvernement suisse à l'égard du peuple haïtien. Sinon, « C'eut été la bonne occasion de négocier avec les bénéficiaires de la fondation », a indiqué Jean-Claude Duvalier qui vit exilé en France depuis 1986.
Parallèlement, dans ce message transmis par mail à Daily Beast, Jean-Claude Duvalier a indiqué qu'il est avant tout pour lui une question de principe de défendre l'honneur de sa mère, Simone Ovide Duvalier. « J'irai même devant la Cour européenne des droits de l'homme pour défendre son honneur. Faut-il clarifier que le compte bancaire en question est celui de la fondation de feu ma mère », a-t-il écrit, ajoutant que le montant exact est l'épargne de sa famille constituée depuis plus de 60 ans.
Concernant son règne de 15 années, l'ancien président à vie d'Haïti a dit à Daily Beast qu'il avait voulu établir en Haïti un gouvernement d'ouverture. « Dès mon accession à la présidence succédant à feu mon père, à l'âge de 18 ans, en vue de maintenir l'équilibre politique dont Haïti avait besoin pour son développement économique, j'ai fait appel à tous les exilés pour qu'ils viennent apporter leur contribution au développement de ce pays. Un certain nombre a répondu positivement. Parmi eux, il y en a qui sont même devenus ministres ou ambassadeurs... », a-t-il fait savoir. L'ex-dictateur d'Haïti explique qu'il devait se débarrasser des éléments nuisibles pour établir la démocratie. « Pour y parvenir, mon premier geste a été de neutraliser toutes les forces négatives qui pouvaient constituer un obstacle à l'émergence de structures démocratiques réelles en Haïti », a informé Duvalier.
« Regardez ce qui se passe en Haïti depuis mon départ », a lancé l'ancien président qui indique qu'aucun membre de son administration n'a eu les mains liées ni aux crimes ni aux trafics illicites. « Ni moi-même ni aucun membre de mon gouvernement ou de mon administration n'avons jamais fait l'objet de poursuites pour conduites criminelles, ni n'avons été mis en accusation pour trafics illicites de tous genres, pendant ou après ma présidence », a-t-il témoigné. Il estime que son gouvernement était meilleur que les gouvernements successifs durant les 20 dernières années. « Combien de dirigeants, de sénateurs, de chefs de police, ... ont été poursuivis aux États-Unis même, pour leur implication dans des trafics illicites et criminels durant ces 20 dernières années ? Combien de leaders politiques, de syndicalistes, d'étudiants, de journalistes ont été assassinés, exécutés sans l'ouverture de la moindre enquête », se questionne l'ex-dictateur. Il indique que le plus petit de ces cas, durant sa présidence, aurait soulevé la conscience et l'indignation de la communauté internationale.
Concernant l'aide de la communauté internationale en Haïti, Baby Doc dit ne voir aucune réalisation proportionnelle aux fonds débloqués. Pour lui, on devra rendre des comptes. « Quand j'entends les milliards qui ont été dépensés en Haïti versus les réalisations au cours de ces 20 dernières années, il faudrait que l'on demande comptes », a écrit Jean-Claude Duvalier.


Carlin Michel
michelcarlin@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83096&PubDate=2010-09-01

Commentaire
Duvalier, c'est la un nom qui pèse lourd sur la conscience haïtienne. C'est un règne, ça! De père en fils, « D'un Duvalier à un autre », selon le titre d'un livre du professeur Manigat. Qu'ont-ils fait pour le pays? Qu'ont fait leurs successeurs? Que donne le bilan? Que veulent les Haïtiens et à quelles conditions? Oui, autant de questions auxquelles nous devrons trouver des réponses précises ! Cela ne devrait d’ailleurs pas tarder !

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